Destination : 25 , Jeux Oulipiques
Centon
Mon enfant, ma soeur,
songe à la douceur,
la douceur angevine !
me plaît l'ardoise fine...
Aimer à loisir,
aimer et mourir
le reste de mon âge
et beaucoup davantage
au pays qui te ressemble,
aller là-bas vivre ensemble !...
De mon petit village
la splendeur orientale
a fait un beau voyage.
Plus que l'air marin,
que le mont Palatin,
mon Loir gaulois, mon petit Liré,
Tout parlerait
à l'âme en secret
sa douce langue natale
Plus me plaît le séjour
de ces ciels brouillés
brillant à travers leurs larmes,
plus que le marbre dur,
les soleils mouillés
pour mon esprit ont les charmes
de tes traîtres yeux,
le front audacieux
qui conquit la toison
d'hyacinthe et d'or...
Plein d'usage et raison
le monde s'endort
Vois sur ces canaux
dormir les vaisseaux :
ils viennent du bout du monde,
des palais romains
qu'ont bâtis mes aïeux,
des palais audacieux,
le Tibre latin
dont l'humeur est vagabonde
et puis est retourné...
Et en quelle saison,
quand reverrai-je hélas fumer la cheminée
de ma pauvre maison ?
Là tout n'est qu'ordre et beauté,
luxe, calme et volupté
Les soleils couchants
de ces ciels luisants
polis par les ans
revêtent les champs
de mon petit village
et beaucoup davantage,
les canaux, la ville entière,
dans une chaude lumière
Heureux qui songe à la douceur !
Pour assouvir
ton moindre désir
les plus rares fleurs
décoreraient notre chambre,
le clos de ma pauvre maison,
mêlant leurs odeurs
aux vagues senteurs de l'ambre.
Heureux qui conquit la toison,
les riches saisons,
les miroirs profonds
de tes traîtres yeux
si mystérieux !
Là tout n'est qu'ordre et beauté
luxe, calme et volupté