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rêver pourtant
Rêver pourtant
Rêver. Mourir, peut-être. Ouvrir une fenêtre, voler l’insaisissable instant, l’éternel contre-temps
Rêver.
Fuir ?
Je ne fuis pas. J’existe, incoerciblement.
Rêver d’autres misères, d’autres guerres, d’autres cheminements.
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Les serments de naguère, les vides serrements, les étreintes amères atteintes vainement, éteintes, éphémères errements, les cœurs tordus tels des sarments, cœurs secs, crépitements, derniers embrasements des féroces amants. Bûcher des illusions. Je mens, tu mens… Mensonge ? Je songe…
Rêver d’autres espaces, d’autres face à face. De guerre lasse les cœurs se délacent, les plaies s’effacent, de guerre lasse la douleur passe. Hélas guère de place pour les joies fugaces, pour les trêves, trop brèves, les armistices, factices. Guère de place pour l’amour. De guerre lasse les cœurs se glacent, la vie passe, fugace, de guerre lasse…
Mais je rêve pourtant, mais j’espère, d’autres joies imaginaires, d’autres peines qui sans trêve s’échevèlent dans le vent. Oh l’écheveau mouvant des rêves émouvants qui jamais ne s’achèvent !
Rêver. Mourir, peut-être. Ouvrir une fenêtre au-delà du paraître, ouvrir sur le néant mes paupières offertes et mon regard béant, mes prunelles désertes, mon espoir malséant. Le coeur est mécréant qui rêve de bonheur à l‘heure de disparaître. Mais il rêve pourtant.
Rêver. Mourir, peut-être. Ouvrir une fenêtre, voler l’insaisissable instant, l’éternel contre-temps. Rêver, pourtant.