Destination : 175 , Cher atelier
Lettre à la mort
Lettre à la mort
Lettre à celle qui m’emportera pour l’éternité…
L’éternité, c’est le temps qu’il me reste à vivre sans eux,
Sans ceux que tu nous as volés
Volés brutalement
Volés doucement
Non, ils ne se sont pas envolés vers toi
Comme dans les contes pour enfants,
Ils ont été terrassés, enterrés ou réduits en cendres.
Mort, tu ne me fais plus peur, tu ne m’affoles plus,
Je te suivrai le moment venu,
En espérant que mes enfants n’en soient plus,
Mais détourne les yeux de mes tout-petits !
Mort, tu donnes le sel de l’existence
Toi qui signes notre fin,
Mais tu ne tiens pas à jour les pages de ton lourd registre.
Certains se meurent lentement, cruellement,
D’autres, vieillards avachis, flétris, pétris de douleurs, sont morts vivants
Et tu ne les allèges pas de leur vie de souffrance.
Tu préfères foudroyer les plus tendres, les plus jeunes.
Tu croques leurs rêves, leurs désirs, leurs attentes…
Certains accrochent la peine, l’angoisse, l’incompréhension
Que tu apportes
A l’espoir, l’existence d’un Dieu.
Moi, je sais que tu n’es rien, Mort,
Tu es le vide, le néant, l’infini béant,
Et pourtant je t’écris…
Mort,
Lorsque tu m’emporteras,
En une bourrasque,
La vie entraînera dans son sillon
Des images, des souvenirs, des rires
De mon existence
Et je resterai dans le cœur de mes aimés…
Leïla, écrit en juin 2012