Destination : 188 , Didascailleurs


scène de saison

21 mars, c’est le grand jour. Monsieur Printemps a bien répété son rôle, il est prêt à entrer en scène. Il attend simplement que ce vieil Hiver lui laisse la place. Mais ce dernier n’a pas terminé sa représentation, il improvise, en rajoute des kilos.



Afin de patienter, et pour éviter de s’énerver, Printemps révise une dernière fois, fignole quelques détails : il ajoute deux nouvelles odeurs, trois petits degrés Celsius et une poignée de bourgeons.



Puis il soulève discrètement le rideau pour s’apercevoir qu’Hiver ne semble toujours pas décidé à lui passer le relais ! C’est son tour maintenant ! Ça devient infernal ! Il y a pourtant un scénario bien clair, avec des dates à respecter, nom d’une pipe en bois ! Bon, il va encore devoir aller chercher le calendrier qui fait foi. Il s’éclipse…



Pendant ce temps Hiver, s’en donne à cœur joie, il sort son grand jeu : belle chute de neige et vent glacial. En musique de fond : l’inverno d’Antonio Vivaldi.



Printemps revient, calendrier à la main. Il soulève à nouveau le rideau :



- Psitt !



- Psitt !



Hiver fait la sourde oreille. Il n’a aucune envie de regagner les coulisses. Il faut dire qu’il est plutôt lent à prendre possession de son personnage, et qu’il a tendance à entrer dans le vif du sujet un peu tardivement, alors bien sûr, une fois qu’il y parvient, pas question de laisser sa place… Et surtout pas à ce Printemps arrogant !



Printemps envisage un coup de théâtre. Il ne voit pas d’autres solutions pour pouvoir réintégrer la scène. Il compose rapidement le numéro du roi Soleil.



- Oui, bonjour Soleil, chuchote-t-il, j’aurais besoin d’une intervention de toute urgence. Auriez-vous quelques rayons à m’envoyer ?



- J’ai toujours un petit stock en réserve. Combien vous en faut-il ?



- De quoi faire fondre un tapis de neige d’une dizaine de centimètres.



- Je vous les envoie par chronociel, ils devraient être là dans quelques minutes.



- Merci mon ami, je vous revaudrai ça !



En effet moins d’une heure après, l’épais tapis blanc se liquéfie et les herbes vertes envahissent le théâtre. De petits bouquets de primevères éclosent ça et là. Quelques hirondelles démarrent leur ballet aérien. Les bourgeons, ne parvenant plus à retenir leurs fleurs ou leurs feuilles, explosent en tâches claires colorant la toile de fond. Musique : murmures de printemps de Christain Sinding

griotte