Destination : 170 , Journal d'un capitaine


Amour Interdit

1er mars :

Cher journal, un autre jour, banal, ressemblant à tous les autres. Je m’apprête à aller au lycée, essayer de me rendre invisible, ce qui n’est pas très difficile. Je sens que cette journée sera aussi longue que les autres, aussi solitaire…



3 mars :

Cher journal, la température commence à être de plus en plus agréable, le printemps approche, ça se sent. Les lycéens commence à se dévêtir, à laisser chez eux gants et bonnet. Moi, je fais pareil, je ne voudrais surtout pas attirer l’attention…quoiqu’aujourd’hui, ce ne fût pas le cas. J’ai eu la malchance de trébucher en plein couloir, les bras chargés de livres… je fus la risée des autres, j’entendais leur rire, leurs paroles « regarde la nouvelle, quelle gourde… ». Je ne les ai pas regardés, je n’en avais pas besoin, j’avais déjà assez honte. Où est donc mon ange gardien ? Puis, je ne sais d’où, un garçon s’est approché et m’a aidée à ramasser mes livres et à les ranger dans mon casier. Il m’a regardée, et sans un mot, est partit. Il est étrange…



6 mars :

Cher journal, j’ai loupé mon contrôle surprise de Sciences Nat. C’est la première fois. Je suis là, et en même temps, je suis absente. J’avoue, je repense à cette rencontre, avec cet étrange garçon. Je ne connais pas son nom, je me demande pourquoi il est venu au milieu de tous ces imbéciles d’élèves. Oui, je suis en colère, je ne les aime pas, j’aimerais être la seule élève au lycée, je me sentirais mieux. Je suis repassée devant ce garçon ce soir en sortant de la cour, il ne m’a pas regardée. Je pense que je me suis fait des idées, qui pourraient s’intéressait à moi…



8 mars :

Cher journal, pourquoi ai-je changé mes habitudes ? Je suis sortie des cours aujourd’hui et j’ai emprunté un autre chemin pour rentrer chez moi, je devais faire quelques courses. Au coin d’une rue, le vent s’est levé et j’ai accéléré le pas. Un petit groupe de personnes était adossé au mur. Je me fis plus petite comme d’habitude et essaya de les dépasser sans encombre. Quelques personnes se sont levées et m’ont barrée le chemin. Elles me demandaient ce que je faisais toute seule dans cette rue. Je n’ai pas répondu et ai forcé leur barrage. Des garçons, des hommes même, m’ont repoussée tellement fort que je suis tombée au sol. Alors s’est approché un autre groupe, et j’ai reconnu ce garçon, celui du lycée. J’ai découvert sa voix, il a demandé à ce qu’on me laisse partir, ce que les autres n’étaient pas d’accord. Il a alors frappé l’homme qui m’avait jetée à terre et la bagarre a commencé. Entre deux coups, il m’a crié de me barrer. J’ai pris mes jambes à mon cou…



9 mars (20h00) :

Cher journal, je n’ai pas arrêté de penser à cette agression…ça tourne et ça tourne dans ma tête. Quand je suis descendue pour me rendre en cours, mon sauveur m’attendait en bas. Je ne sais pas comment il a su où j’habitais. Il m’a demandée comment j’allais, je n’ai pas su répondre, je ne pouvais pas détacher mes yeux des siens. Il a soupiré et m’a tiré le bras pour que j’avance. J’ai alors dit, sans savoir pourquoi, que j’avais un bleu à l’épaule. Il n’a pas répondu. J’avais des tonnes de questions à lui poser, je n’en demandais aucune. Il m’impressionnait, m’intriguait… Arrivée au lycée, il s’éloigna de moi et nous entrâmes séparément en classe. Je n’ai pas su me concentrer ce jour-là. A la fin de la journée, mon cœur battait à tout va. Je l’ai aperçu, près de chez moi en bas d’un immeuble délabré. Il y avait des autres personnes, des personnes bizarres, des personnes pas rassurantes. Elles se sont échangées des objets, de l’argent… je ne suis pas dupe, IL trafiquait. Il regarda furtivement autour de lui, puis il tourna la tête vers moi, m’aperçut, et je courus jusqu’à chez moi.



9 mars (22h00)

Je n’arrive pas à trouver le sommeil. Je me demande pourquoi j’ai eu le réflexe de courir tout à l’heure. Je n’ai pas peur de lui. Au contraire, je me suis sentie en sécurité ce matin, en allant en cours. Vu son attitude, il est clair qu’il ne veut pas s’afficher avec moi, alors, pourquoi est-il venu ? Je ne fais que de penser à lui. C’est la première fois que je ressens cela. Je sais, cher journal, il faut que je me rende à l’évidence. Ce n’est pas quelqu’un de fréquentable. Une personne qui sait se battre, qui trafique, qui traîne tous les soirs dans la ville avec des autres tout aussi louches…. On ne peut pas avoir confiance. J’ai entendu aux infos depuis quelques semaines, que des « gangs » se formaient depuis peu. Je sais très bien, en mon for intérieur, qu’il en fait partie. Mais jusqu’où vont ces activités, si on peut appeler ça comme telles…



10 mars :

Il m’attendait, comme hier, au bas de mon immeuble. On s’est regardé, on s’est observé. Après quelques longues secondes, on a commencé à marcher. On ne parlait pas, c’était le silence complet. Dois-je fuir ou alors rester ? Dois-je lui dire de partir, de me laisser, de ne plus venir, ou alors de me protéger ? Je ne veux pas fréquenter ces gens-là, ça ne rapporte que du mauvais, que des ennuis. Il n’y a pas d’avenir possible, quelques soient la nature des sentiments. On est arrivé au lycée, et, à ma surprise, il est rentré avec moi. Quelques élèves nous observaient. Il m’a accompagné jusqu’à la classe. Avant d’entrer, il m’a dit : « Fais attention, il y a une marche, ne trébuche pas ». Il a souri et a disparu. 17h00. La sonnerie a retentit. Au grillage, je l’ai aperçu avec ses copains, je suppose. Il m’a vu, a salué ses amis et est venu vers moi. Il a juste prononcé « Je te raccompagne chez toi ». On a refait le chemin inverse, pour la première fois, dans ce même silence. A quelques rues de mon immeuble, il m’a stoppée d’un geste brusque. Il m’a emmenée dans une rue adjacente et m’a plaquée, trop fortement, contre la paroi. Il m’a alors dit : « On a rien à faire ensemble. On n’est pas du même monde. Toi, t’es une fille à papa, une princesse. Moi, je suis le gars que tu ne dois pas croiser. Je ne sais pas pourquoi nos chemins se sont rencontrés ni pourquoi tu m’attires. Alors, t’as le choix, soit tu pars tout de suite et t’entends plus parler de moi ou… ». Il n’a pas fini sa phrase mais je pense que c’était clair. Mon cœur battait encore une fois trop vite et mes mains devenaient de plus en plus moites. Il me lâcha. Je ne bougeai pas. Il attendit une minute, pas plus. « Très bien », a-t-il dit. Il a souri, pour la deuxième fois et m’a embrassé. « Au fait, je m’appelle Alex » a-t-il rajouté. Cher journal, dans quoi je me lance…

MAGUI