Destination : 86 , Droit dans le mur !


Sortir

Ils discutent gaiement, insouciants. Elle rit. Ils sont tous réunis, pour une fois. Elle est heureuse. Ça arrive si rarement…
Le dernier arrive. La clef tourne dans la serrure. Inutile de laisser tout ouvert, ils sont dans une auberge, après tout.
Son immense sourire faiblit un peu.

C’est une belle soirée d’été. Ils ont décidé de s’éclairer à la bougie. C’est tellement plus drôle... Ça leur rappelle leurs dernières vacances ensemble.
Il fait un peu sombre dans la pièce. Elle ne se sent plus aussi à l’aise. Elle continue de rire.

Ils sont nombreux. Elle compte, juste pour voir. Un, deux, trois… dix-huit. C’est beaucoup. La pièce est petite, tout de même. Un peu trop petite.

Sa respiration s’accélère imperceptiblement. Son sourire s’est figé sur ses lèvres crispées. Elle recompte. Inlassablement.

Plus elle compte, plus elle respire. Elle tente de se raisonner. Elle sait qu’elle ne pourra pas. C’est petit ici, trop petit. Ils ne pourront jamais tous respirer.

Elle manque d’air. Sa bouche s’ouvre, elle aspire le plus d’oxygène possible. Plus vite. De plus en plus vite. Son souffle s’accélère. Elle ne peut plus respirer.

La panique l’envahit. D’un coup. Elle ne peut pas l’empêcher.

Ses membres se contractent, les fourmis envahissent les extrémités de ses membres. Elle est secouée de spasmes. De l’air. Il lui faut de l’air.

On l’amène à la fenêtre. Elle ne s’ouvre pas. Vite, il faut qu’elle sorte. Elle doit sortir, tout de suite. Impérieux désir qu’elle n’arrive pas à formuler. Elle aspire, expire, toujours plus vite, toujours plus fort. Il y a trop de monde ici. Elle veut sortir.

Elle entend des voies, ils lui parlent, mais elle n’arrive pas à comprendre le sens de ce qu’ils disent. Elle doit sortir, c’est tout ce qui compte.

Les murs se referment sur elle. L’espace est de plus en plus petit. Elle va mourir si elle reste ici. Sortir. Pourquoi ne la font-il pas sortir ?

La fenêtre s’ouvre enfin. Elle se précipite, elle veut de l’air. Rien n’y fait. Il y a trop de murs, trop de monde, l’oxygène ne veut pas rentrer.

Sa respiration s’accélère toujours plus. Elle ne peut plus se déplacer, ses membres sont trop contractés. Elle a mal. Elle veut juste de l’air. Pourquoi toujours ces murs, autour d’elle ? Elle voudrait un marteau, n’importe quoi pour les briser. Elle veut sortir.

La porte s’ouvre. Ils lui parlent, mais elle ne comprend pas. Une seule idée l’obsède.
Elle se sent soulevée. Enfin, elle quitte ces murs. De l’air sur son visage. Dans son corps.

Peu à peu, sa respiration se ralentit, tout doucement. Les spasmes s’espacent. Tous ses membres lui font mal. La panique la quitte, lentement. Le calme est long à revenir, mais il revient. Elle est allongée dans l’herbe. Elle ferme les yeux. Respire. Elle est enfin dehors.

Maud