Destination : 232 , Distances


Je vous avoue que pour cette destination, j’ai eu du mal. Du mal parce qu’elle ne pointait pas le bout de son nez. Je ruminais encore quelque chose en rapport avec la sémiologie (vous y échapperez cette fois) et je venais de lire quelque chose de pas mal sur la « beat génération » à l’honneur à Beaubourg. Mais cela donnait une destination un peu technique et oulipienne qui ne tranchait pas assez avec la précédente destination. Je rageais aussi de ne pas avoir pu trouver le numéro de « Lire » estival, pourvoyeur d’extraits à paraitre à la rentrée, souvent une mine d’idées. Alors, marchant pieds nus sur une plage d’une longueur paraissant infinie, je faisais le vide, demandant à mon esprit de laisser surgir une idée. Je regardais mes pieds s’enfoncer dans le sable humide et laisser des empreintes fraiches et profondes… lorsque le terme « distance » apparu. Au début, je me suis dit que ce n’était pas assez porteur, puis en y réfléchissant plus profondément, je voyais des chemins se dessiner au loin.
Dans cette destination, il sera donc question de travailler sur la notion de distance, peut-être dans tous les sens du terme. Déjà, il y a tous les écrits qui sont produits parce que l’on veut communiquer avec une personne loin : de la lettre au courrier électronique en passant par la bouteille à la mer. (D26 : « une bouteille à la mer » http://www.ailleurs-atelier.com/affichedestination.php?numero=26 ). Il y a aussi les formations à distance, tout ce que les réseaux sociaux engendrent à distance sans oublier la littérature sur l’amour à distance.
Ensuite il y a tous les textes où il peut être question de distance au sens physique : la longueur d’un terrain qui cause une querelle ou encore les dimensions diaboliques d’un meuble impossible à caser dans votre salon…
La distance, c’est aussi au sens figuré celle que l’on met entre soi et une autre personne (ou les autres en général), cela peut même imposer une énonciation particulière telle que le tutoiement ou le vouvoiement, à vous de voir si cela vous inspire. Je crois que c’est d’ailleurs ce sens-là qui m’est venu à l’esprit dans ma méditation sur la plage : m’interroger sur la distance que j’installe entre les autres et moi… Dans le même champ, il y a toutes les postures où cette notion de distance est importante : médecin / patient, parent / enfant, mari / femme, enseignant / élève, commerçant / client, etc…
Par analogie nous parlons aussi de distance quand il peut s’agir de temps : nous parlons parfois de mettre des évènements à distance en prenant du « recul », en laissant s’écouler du temps.
Enfin, je vous livre la partie « sens figuré » tirée de la définition du dictionnaire de l’Académie (9ème édition) : Différence entre des réalités ; séparation, éloignement d'ordre social, moral, intellectuel. Une distance importante entre deux situations sociales, deux opinions. Expr. Tenir quelqu'un à distance, lui interdire toute familiarité, refuser d'avoir des relations étroites avec lui. Se tenir à distance, répugner à toute familiarité. Garder, maintenir de la distance, ses distances avec quelqu'un, adopter à son égard une attitude réservée. Garder ses distances à l'égard d'un projet, montrer beaucoup de réserve, de prudence à son égard. Prendre de la distance par rapport à une situation, à un problème, prendre du recul, porter un regard détaché sur cette situation, sur ce problème.
Voilà, en espérant que notre atelier soit un lien qui contribue à réduire les distances, c’est-à-dire à rapprocher les hommes, pour un peu plus de solidarité et de partage. Bonne écriture !

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