Destination : 219 , effet papillon


Et si un vœu se réalisait ?

D’abord il avait fait un vœu, une flute de champagne à la main, en trinquant avec l’aurore qui se levait sur ce premier jour de janvier. Tout à coup passa dans le ciel un éclair argenté, il ferma les yeux, renouvela son vœu, puis il alla se coucher.



Le surlendemain, alors qu’il se rendait à son bureau, il remarqua qu’un chat le suivait, un magnifique chat aux poils mousseux blanc. Un regard en amande d’un bleu profond ressortait d’une sorte de léger masque de poils grisés. Il allait prestement la queue en panache relevée.



Notre homme ennuyé, dérangé le chassa : Puff, puff, va t’en, allez zou ! Et tout ce que l’on peut crier à un chat qui vous suit malgré vous, mais stoïque et décidé le chat trottait derrière lui. Il le suivit jusqu’à l’arrêt d’autobus ou il fit l’admiration de tous ceux qui attendaient.

« Quelle merveille ! Vous en avez de la chance ! C’est quoi comme race ? Vous l’amenez chez le véto ? Incroyable il vous suit comme un chien ! » Il n’osa rien répondre. C’était bien la première fois qu’on lui adressait la parole à l’arrêt de bus. Depuis longtemps, il avait l’impression d’être transparent pour les autres.



Le chat sauta dans le bus à sa suite et vint se loger sur ses genoux en ronronnant.

Oh ! Ce terrible voyage durant lequel notre homme, appelons le : Monsieur Ordinarius, fut la cible de tous les regards et de toutes les conversations. On s’approchait de lui avec des sourires complices pour caresser le chat. Il avait tellement chaud, il était si gêné, si perturbé qu’il aurait pu vomir. En tremblant, il chercha un collier autour du cou de l’animal. Rien. Le chat soupira doucement et se rendormit.



Mais qu’est-ce que je vais faire de ce chat ? Au bureau comment vont-ils réagir ?

« Vous avez amené votre chat Monsieur Ordinarius ? » lança le gardien, il allait dire « Mais non ce n’est pas mon chat, d’ailleurs je n’ai jamais eu de bêtes, je ne les supporte pas » lorsque le gardien continua « C’est bien ! Moi j’ai obtenu l’accord de venir avec mon chien ».

L’hôtesse, si jolie, se précipita sur le chat et le prit dans ses bras « Mais quelle merveille ! Je n’aurais jamais imaginé que vous puissiez posséder un chat, un tel chat » Elle ne l’avait jamais regardé au paravent. Il essaya de bégayer quelque chose, lorsque le chef de service passa « Un Birman ! Ma race préférée. Il est à vous Ordinarius ? Il faudra que vous me donniez des conseils je viens d’en acheter un. » D’habitude son chef de Service résumait leurs conversations à « oui » et « non ».



Le chat dormait paisiblement sur un coin du bureau non loin de l’ordinateur et chacun d’apporter un petit présent : un peu d’eau, de lait, des morceaux de poisson ou de jambon et des jouets improvisés.

Curieux, enjoué, on questionnait et Monsieur Ordinarius, chamboulé d’être le héro du jour bien malgré lui, d’inventer un nom, un âge, une histoire à l’animal.

Sa tête tournait, ses jambes mollissaient, son cœur tambourinait.

Il dit « Elle s’appelle LAMOUR » et l’on vient tout juste de me l’offrir. Je ne sais vraiment pas si je vais savoir m’en occuper, je suis tellement maladroit et renfermé et … » il aurait voulu avouer sa détresse, tous les élans réprimés, comment il était devenu une ombre à force de solitude et, stupide comme il était, il allait se mettre à pleurer comme un enfant devant tout le monde.

La si jolie hôtesse mis sa main sur son bras : « Je vais vous aider ».

EVELYNE W