Destination : 365 , Ponti Foulbazar


Un jour de pluie

Histoire inspirée par l’album de Claude Ponti : Ma vallée : 1998 : L’école des Loisirs. L’histoire de la pluie.







Zoé Ma Petite Tendresse regarde la pluie frapper sans méchanceté les vitres de la chambre. C’est une chambre de l’immense maison laide et triste qui s’appelle l’Hôpital de la Timone à Marseille. Zoé, qui lorsqu’elle sera grande, deviendra architecte, ne comprend pas pourquoi les hôpitaux doivent être laids. C’est vrai qu’on y enferme toutes les maladies, tous les accidents, et que cela ne rend pas joyeux, et bien justement, lorsque Zoé construira des maisons-hôpitaux, je peux vous assurer qu’elles ressembleront à des arbres colorés et que les oiseaux n’auront pas honte de s’y poser.



La pluie est bleue. Elle dessine, sur les vitres sales, des fleurs fantastiques qui éclosent, se trémoussent un peu, puis disparaissent en petit ver de terre pressés.

Avant, Zoé Ma Petite Tendresse aimait particulièrement la pluie. Il fallait la voir sauter dans les flaques ! Elle devenait Zoé la rainette. De plus, comme elle a le don de faire pousser n’importe quoi, n’importe où, dans les flaques, elle pouvait faire surgir des nénuphars, des roseaux et même des saules pleureurs. Quel terrain de jeux pour une rainette !

A présent, elle est trop maigre, trop faible pour sauter dans les flaques. Mais on l’a rassurée, après le traitement, elle sera comme avant. « Je redeviendrai normale quand ? » avait demandé Zoé ? Sa maman avait baissé la tête puis avait dit « Il faudra être patiente ma chérie »



La pluie bleue a dessiné un trèfle à quatre feuilles. Zoé est estomaquée tellement il est gros et beau. En plus, il porte bonheur. On dirait une île heureuse. Zoé sait que le trèfle à quatre feuilles s’est inventé pour elle et qu’il l’attend.

Elle ferme les yeux en souriant et met le doigt sur la feuille. La vitre devient molle. Zoé Ma petite Tendresse peut faire passer tout son corps si maigre, si faible, à travers le vitrage. Elle nage dans le bleu chaud et doux du trèfle à quatre feuilles. Elle se repose un peu sur la tige et entre les nervures. Elle entend des oiseaux qui papotent « Mais c’est Zoé ! » Ils la connaissent bien, elle, et ses nichoirs dans les arbres.



La pluie bleue s’en est allée, tant de vitrages de maisons-hôpitaux à décorer. La large main végétale du trèfle à quatre feuilles a déposé tendrement Zoé Ma Petite Tendresse sur la couverture grise du lit en métal.

Chut ! ne la réveillons pas.



Evelyne

EVELYNE W