Destination : 36 , Autofictionnellement votre
Joyeux Noël
Fleuri de chrysanthèmes, gris de brouillard et de pluie, Novembre qui sent
le champignon, laisse sa place à Décembre que j’aime bien. Décembre c’est
tout de même autre chose ! Son haleine froide couvre de laine blanche des
paysages pétrifiés. C’est un tourbillon qui déferle, plantant des arbres
toujours verts dans les salles à mangers, accrochant des larmes de lumière
dans le plus petit des villages, ornant les rues de guirlandes et de rubans,
accrochant des sourires bienveillants aux mines austères des passants..
C’est le moment de réveiller les boites en carton, pour sortir de leurs
papiers de soie les jolies figurines qui vont venir se suspendre à des
branches hérissées où les diaphanes fils argentés frissonnent sous la clarté
des flammes sautillantes de la cheminée
J’aime installer sur le bel arbre piquant, de petits bonshommes de neige
facétieux chevauchant des boules dorées. C’est le cortège des statuettes en
bois peint, nez de carottes, bonnet de laine rouge. De petites lampes
multicolores enrobent les charmantes figurines d’un éclat de tendresse.
C’est justement après l’installation de la troisième guirlande, celle d’en
haut avec les petites bougies dorées, que tout à commencé.
A peine avais-je tourné le dos, que le bonhomme de neige au nez rouge de
clown, portant chapeau melon vert et jaquette rayée, tout juste sorti de sa
boite, s’est tourné vers l’ours blanc accroché à la branche du dessous :
- Boudiou, ça fait du bien de s’espandir un peu ! En plus, j’étais
esquiché contre l’ange ! Quel bouffon celui-là ! Dis-donc petiot tu le sais
toi pourquoi c’est toujours ce toti qu’on tanque en haut de l’arbre ?
- -Vaï ! Peuchère, c’est venu l’année où le père Noël, il arrêtait
pas de bisquer!
Espatarouflée, je me suis retourné vivement. L’un avait toujours son sourire
de ravi, l’escoube bien en main et l’autre roussiguait son poisson, l’air de
rien. Je me suis pensée « ma pauvre, tu déparles complètement. Va falloir se
calmer ! »
Mais à peine avais-je fixé le dernier ruban que mon bel arbre se remit à
bruisser de chuchotements :
- Et pourquoi il rouméguait le père Noël ?
- Boudie ! Ca date de l’an pèbre, ça ! A l’époque, il avait une
brave équipe de bras cassés, le papet. Il s’engatsait contre les lutins
rouges qui enchaînaient cagades sur cagades. Ah ces merdaillous, ils
l’avaient mis dans une belle mouscaille ! Et puis, le lutin à lunettes est
arrivé en disant que les 35 heures ça serait pas du luxe….
- Counifle ! Qu’il a hurlé le vieux ! Même que ces dormiasses de
lutins verts, ils se sont réveiller et vite fait, ils ont emballé toutes les
bricancoulles qui traînaient de partout. Fachte ! Les beignes, elles étaient
pas loin !
- Il faisait donc la bèbe, le vieux ! Et je te dis pas quand il a
sorti son costume rouge de l’armoire ! Pleins de bougnettes de partout ! «
Je peux pas faire ma tourner avec cette estrasse et je peux pas y aller
l’embounigue à l’air » Il braillait dans les couloirs !
- Et la mère Noël qui se ramène, qui lui dit qu’elle a pas le temps
de s’occuper de ça. Il fallait qu’elle s’escape pour faire les courses
puisque sa mère venait pour le déjeuner
- « Non ! Pas elle, pas cette bazarette ! Fan de chichourle, j’en
peux plus ! » Escagassé, le barbu !
- En plus Elle lui avait pas encore dit qu’elle avait bugné le
traîneau, que ces bediguas de rennes s’étaient empégués au pastaga et qu’ils
ronflaient au fond du cabanon, que ces morfales de souris avaient mangé la
grande banaste pour transporter les cadeaux.
- Quand il a su tout ça sous le coup de l’estoufade il est devenu
tout pébronasse ! On a cru qu’il allait passé ! On était dans la panade !
- C’est à ce moment que le pitchon, il est arrivé.
- Tout content l’angelot, tout rond, les joues roses, le bézuquet à
l’air, « Joyeux Noël, père Noël, n'est-ce pas un jour merveilleux aujourd
hui, j'ai un joli sapin pour vous, où voulez-vous que je le mette ? »
C'est ainsi que la tradition du petit ange au sommet de l'arbre de Noël
commença.