Destination : 8 , Narcisses !


Présentation

-Mais pourquoi ?
-Pourquoi quoi ?
-Pourquoi voulez-vous faire une enquête au sujet de
cet humain-là ?
-Parce que l’association des fées de la portion 3-nord
l’a décidé lors de sa précédente session.
-Mais pourquoi ?
-Parce qu’il nous semble s’approcher des limites.
-Quelles limites ?
-Sache, élève, que seuls, deux groupes d’humains nous
concernent, ceux qui sont prêts à basculer dans
l’abîme, et ceux qui deviennent meilleurs que les
anges.
-De quel groupe fait-il partie ?
-C’est ce que nous allons devoir éclaircir.


-Très malpoli, madame. Il ne daigne même pas me lancer
un demi regard ! Il se prend pour Einstein ou quelque
chose d’avoisinant. Et c’est un simple étudiant ! Oh,
j’en ai vu, moi, madame, des étudiants. Il y a vingt
et un ans que je suis gardien à l’institut. Mais
celui-là est sûrement le plus malpoli de tous !


-Jeannot ? Ah ! Le chenapan qui tirait la queue de mon
chat ? Mais il doit avoir grandi, maintenant…non, je
ne l’ai plus vu après, mais je suis sure qu’il va mal
finir !


-Il est tout simplement charmant, madame, gracieux,
élégant, poli, c’est un gentleman. Et il se conduit
comme les chevaliers d’antan, il est toujours prêt à
aider les demoiselles en péril. Il pleuvait des
cordes, l’autre jour, on avait été surpris en plein la
cour, et il m’a donné sa veste. Il s’est enrhumé
après. Un preux, madame !


-Dégoûtant, il est tout simplement dégoûtant, madame.
Il ne croit pas seulement à la dominance des hommes,
il en est une vivante représentation. Cela se
manifeste dans toutes ses attitudes et dans toutes
ses paroles. Je lui souhaite une harpie pour épouse !


-Ben non, il est intelligent, mais pas un génie, et
puis, il passe trop de temps à s’occuper de son air,
c’est quelqu’un d’assez superficiel, vous voyez,
madame, plutôt des paroles que du concret. Mais c’est
un bon camarade.


-Il est drôle ! Oh il est drôle ! Il peut vous faire
passer d’un état dépressif avancé à un fou rire
incontrôlable en l’espace de dix secondes ! Je peux
vous l’affirmer, il vient beaucoup ici, et il ne prend
qu’une seule limonade, toujours, et les gens l’aiment
bien.


-Pourquoi vous intéressez-vous à un pareil monstre ?
La seule utilité de l’existence d’un pareil individu
serait de le montrer aux enfants, tenez, à votre fils
par exemple, et de leurs dire de faire bien attention
à ne pas devenir comme lui !
-Mais je ne suis pas…
-Chut, élève ! Merci monsieur.



-Mais je ne suis pas un garçon ! Et je ne suis pas
votre enfant !
-Je sais, élève…
-Mais…
- …et il n’y avait aucune raison pour que le monsieur
l’apprenne ; il nous aurait fait un discours fulminant
sur l’éducation des filles, et des méfaits du garçon
manquéisme, serait arrivé au paroxysme de la colère,
se serait mis au volant de sa voiture et aurait eu un
accident. Il faut toujours faire très attention aux
sentiments des humains, mon élève.
-Et l’enquête, est-elle finie ?
-Elle commence, élève, elle commence…

Jean G