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Destination : 85 , Itinéraire assassin

Escape Game à Flaran

- 8h30 : en arrivant à l’abbaye de Flaran où elle travaille depuis plus de dix ans, Anne découvre le corps d’un homme étendu dans le cloître. Il est mort, sans aucun doute possible, une flaque de sang s’étale sous sa tête. Un meurtre à l’Abbaye !

- 9h 15 : La police arrive. Le directeur aussi et devant la situation, décide de fermer l’abbaye pour la journée.

- 12h45 : La police repart, après avoir relevé un maximum d’indices qui s’avèrent plutôt maigres, à savoir une paquet de cigarette de marque américaine à moitié vide ; un cheveu blond de longueur moyenne sur le polo de la victime et un morceau de papier dans le portefeuille de cette dernière, sur lequel est noté : « Rendez-vous à minuit pour l’Encantada ». Qu’est-ce que cela signifie ? Encantada, c’est un mot occitan qui signifie « Enchantée »… quel lien avec cette affaire ?

- 12h50 : Dans la salle de pause, encore tourneboulée par ce qu’il vient de se passer, Anne ne peut rien avaler et discute avec son amie et collègue Juliette. Elles passent en revue les informations qu’elles ont pu glaner auprès des enquêteurs. Ce qu’elles savent : la victime d’appelle Hector Pailleur, 32 ans, célibataire et sans enfants, inconnu des services de police. Le meurtre a été commis aux alentours de deux heures du matin, par un coup violent porté derrière la tête avec un objet lourd et contondant. Et ce qu’elles ne savent pas : l’abbaye était fermée à clef, les serrures n’ont pas été forcées, comment la victime et son meurtrier ont-ils pu entrer ? Que venaient-ils faire là ? Et pourquoi Hector a-t-il été tué ?

- 13h15 : Anne et Juliette revienne dans le cloître qu’elles n’ont pas pu explorer le matin, ordre de laisser la police faire son travail. Elles sont convaincues que, si quelque chose a échappé aux enquêteurs, elles sauront le découvrir car elles connaissent l’abbaye mieux que quiconque, à force de faire des visites à des dizaines groupes de touristes, à longueur de journée, tout au long de l’année. Et Bim ! Dans le mille : la troisième pierre à gauche en dessous de la cinquième colonne du cloitre a été sortie de son socle et mal repositionnée. En la dégageant, Anne et Juliette entendent un bruit de mécanisme s’enclencher et, sous leurs yeux ébahis, un passage s’ouvre dans le sol.

- 13h45 : sans hésitation, les deux collègues sont parties explorer le tunnel, éclairées par la fonction lampe torche de leurs téléphones portables. Selon leurs estimations, elles traversent le cloitre d’Ouest en Est, passent sous l’Eglise, le jardin puis continuent tout droit en direction de… quoi ? Au loin, un filet de lumière apparait…

- 14h : elles ont débouché sur un plat, en bordure de Baïse, au pied de l’écluse de Graziac, à environ quatre kilomètres de l’Abbaye. L’entrée du tunnel est cachée par la végétation. Personne ne peut deviner qu’il est là, il faut en connaitre l’existence. Les filles n’en reviennent pas, elles ont découvert le passage secret de l’Abbaye, construit pour permettre aux moines de s’enfuir en cas d’attaque. Mais pour le moment, il y a quand même d’autres mystères à résoudre…

- 14h15 : en sens inverse, Anne et Juliette refont le trajet pour découvrir une nouvelle piste. Elles scrutent le sol de terre battue, examinent les parois creusées dans la pierre calcaire de la région. Elles émergent dans le cloitre quarante-cinq minutes plus tard sans avoir rien trouvé.

- 15h : de retour au bureau, Anne et Juliette tournent l’affaire dans tous les sens. Soudain, Anne bondit : c’est à Graziac qu’il faut chercher, maintenant ! Car c’est forcément de là qu’est partie la victime et peut-être aussi son meurtrier !

- 15h15 : en voiture Simone, et roule ma poule ! Les voilà sur le parking de l’écluse ou trois voitures sont garées, sans compter la leur. Anne interroge le gardien qui vit sur place, malheureusement, il n’a rien vu et, pour ce qui est d’entendre, il ne leur cache pas que, bon nombre de jeunes venant à cet endroit pour boire une bière ou conter fleurette, il ne fait plus vraiment attention aux voitures qui arrivent et qui repartent ! De son côté, Juliette a plus de chance en découvrant, roulé en boule sous un buisson, un t-shirt maculé de boue et de sang. Et ce n’est pas n’importe quel t-shirt ! C’est celui des Valencianos, la célèbre Bandas de Valence-sur-Baïse !

- 15h30 : de retour sur le parking, Anne et Juliette sont intriguées par la seule voiture restant sur place. Un modèle plutôt banal, mais immatriculé dans le 57. Pas quelqu’un d’ici… Une rapide recherche sur internet leur confirme ce dont elle se doutait déjà : 57, c’est la Moselle et, justement, c’est ce qu’indiquait la carte d’identité de la victime trouvée dans son portefeuille par les policiers ! Aucun doute, c’est sa voiture ! Les filles s’approchent et découvrent à l’arrière, une mallette de cuir. La forme ne laisse aucun doute: c’est un saxo alto qui est rangé là-dedans. Encore un musicien ! Juliette, qui connait bien les Bandas de la région et particulièrement Los Valencianos, est catégorique : elle n’a jamais vu ce monsieur Hector Pailleur, il ne fait partie du groupe. Mais peut-être appartenait-il à une Bandas rivale ? S’agirait-il d’un règlement de compte ? Dans le Gers, chaque Bandas tient son quartier et le défend d’une main de fer, pouvant parfois donner lieu à des rixes musicales d’une rare violence…

- 16h15 : Anne et Juliette sont rentrées au bureau. Elles ramassent leurs affaires pour rentrer chez elles. Que faire de plus de toute façon ? Elles décident d’attendre le lendemain pour informer la police de leur découverte, espérant que la nuit leur apporte de nouveaux éléments.

- 18h30 : Et justement, Juliette décide de passer chez son ami Martin, le chef des Valencianos. Un brave garçon, qu’elle connait depuis l’école primaire, ici au village, à Valence. La journée, il est facteur et la nuit, il tambourine sur sa grosse caisse comme un forcené, battant la mesure sur tous les titres des Festayres. Juliette lui déballe les détails de l’affaire qui secoue le village depuis le matin (eh, pardi ! on est dans le Gers, et dans le Gers, si tu manges des haricots à midi, tout le village est informé à goûter !). Elle lui demande s’il connaissait la victime, s’il pouvait faire partie d’une Bandas des environs, de Condom ou même de Montréal (du Gers). Mais non, ce nom ne dit rien à Martin qui connait bien les gars de la Band’à Part et ceux des Kanari’s. Et puis, pas de risque de bagarre entre les groups, en ce moment, c’est la grande trêve annuelle des Bandas, en vue de laisser chacun se préparer pour le grand festival annuel des Bandas de Condom. Juliette finit le Floc que lui a offert Martin et rentre chez elle.

- 00h45 : Anne tourne et retourne dans son lit. Impossible de trouver le sommeil, ses pensées font des cabrioles dans sa tête.

- 3h35 : Juliette fixe le plafond, les yeux grands ouverts. Elle s’est réveillée brutalement il y a presqu’une heure, impossible de se rendormir.

- 5h50 : Martin fait un bond dans son lit ! Il vient de se rappeler quelque chose qu’il avait complètement oublié… et peut-être bien, se dit-il maintenant, que ça pourrait avoir un rapport avec toute cette affaire !

- 9h05 : de retour au bureau, Juliette met son téléphone sur haut-parleur pour que Anne entende elle aussi ce que Martin veut lui dire. Et, en effet, l’histoire est des plus intéressantes… Quelques semaines auparavant, Martin a reçu un appel d’un homme qui souhaitant intégrer la Bandas. Martin a refusé, lui expliquant que ce n’était pas possible, trois semaines à peine avant les fameux Bandas de Condom. Pour que le groupe travaille ses morceaux en harmonie, il ne souhaitait pas bouger l’équipe. Mais devant l’insistance du jeune homme, il a accepté de lui donner le numéro de Clément, lui aussi membre des Valencianos, joueur de Saxo Alto, tout comme l’inconnu, afin qu’il le rencontre une première fois pour l’écouter jouer. Et, ajouta Martin, il est de tradition de demander à l’aspirant musicien, pour une première audition, de jouer la fameuse Encantada, du célèbre chanteur Joan de Nadau.

- 9h30 : L’énigme du message secret était donc résolue, elle aussi, après celle du moyen d’accéder à l’abbaye. Il s’agissait maintenant d’interroger Clément mais Anne et Juliette jugèrent plus prudent de s’en remettre aux enquêteurs. Anne les appela.

- 17h30 : l’inspecteur Ricaud, du commissariat d’Auch, vient d’appeler à l’abbaye pour annoncer que l’enquête était résolue. Clément avait tout raconté : « Il avait en effet donné rendez-vous à Hector, cette nuit-là, près de l’écluse de Graziac, pour lui faire passer une première audition. Le père de Clément avait longtemps travaillé à l’écluse, jusqu’à ce qu’un accident ne le contraigne à déménager au village, à Valence. Clément avait donc passé ses dix premières années à Graziac, et en connaissait tous les recoins. C’est comme cela qu’il avait découvert le passage secret. Le soir du meurtre, quand l’inconnu s’était présenté devant lui, il n’en était pas revenu. Celui-ci, plein d’arrogance, prenait de haut ce garçon de la campagne chargé de lui faire passer une audition. Un peu agacé, Clément avait décidé de lui faire une blague et lui avait proposé d’aller jouer dans l’abbaye, au prétexte que l’acoustique était meilleure. Son intention était de l’abandonner là-bas une partie de la nuit pour lui faire ravaler son mépris. Mais, arrivés à l’abbaye, les choses s’étaient envenimées. Hector Pailleur avait monté le ton, exigeant de Clément qu’il lui laisse sa place au sein de la Bandas pour le festival de Condom, qu’il était bien plus doué que lui pour jouer de l’instrument. Clément avait voulu le bousculer mais l’autre l’avait précipité au sol et, assis sur son torse, commençait de l’étrangler. Dans un dernier souffle, Clément avait saisi une pierre pour frapper Hector derrière la tête. Celui-ci s’était effondré sur le coup. Sans chercher à savoir s’il était mort ou vivant, il s’était enfui, en emportant les instruments de musique. Il avait jeté la pierre ensanglantée dans la Baïse, en sortant du tunnel mais, ne pouvant se résoudre à jeter le saxo d’Hector (un instrument, c’est sacré), il l’avait replacé dans la voiture d’Hector qui n’était pas fermée à clef. Il était rentré chez lui, bouleversé par ce qu’il venait de se passer. Et le lendemain, quand il avait appris qu’Hector était mort, il s’était senti dépassé. Il reconnut, pour terminer, qu’il était soulagé que cette histoire prenne fin. »



Pour lire en musique : https://www.youtube.com/watch?v=65FvKaKSxwg

myriam