Destination : 168 , m
Éternité
Il fait nuit.
Dans la pièce éclairée d'une seule bougie, une table, une chaise, un homme. Nul bruit ne vient troubler celui de sa respiration. Rapide. Nerveuse.
Son regard est fixé sur l'objet posé devant lui. Lueur malsaine du métal.
Le temps s'arrête un instant. Inspiration, expiration.
La main s'avance, touche, caresse et saisit l'instrument. La chaise se renverse.
La flamme vacille. La porte s'ouvre, les pas décroissent.
Elle dort.
Rêve de douceur, trêve de douleur. Innocence que donne la magie du sommeil. Elle évolue dans son illusion, sourire aux lèvres. Enchantement. Irréalité.
Son corps repose sous le drap. Ses cheveux nappent l'oreiller.
Le temps s'est arrêté. Nul mouvement, nulle tension.
Dans son imaginaire, rien ne vient la perturber. Pas même le bruit d'une chaise.
L'escalier craque, des pas approchent.
Il est temps.
Dans la chambre, l'homme se penche au-dessus d'elle. Déjà le souffle s'amenuise. Elle part. La chimie fait son travail. Savamment. Irrémédiablement.
Pour ne pas la quitter, il a choisi. S'allonger et à jamais l'étreindre.
Le temps se fige. Détermination. Sérénité.
Froideur du métal sur la chaleur d'un poignet. La vie s'échappe.
Dans la nuit, deux corps enlacés pour l'éternité.