Destination : 180 , Objets en chemin
Simplicité
En toute simplicité, c’est à l’heure du déjeuner
Qu’armée d’un peu de beurre et de fromage râpé
Une assiette de coquillettes
S’amusait à rimer avec fillette, avec dînette.
Puis le « quatre heures » arrivait
Comme un mille-feuilles d’odeurs :
Mon cartable fleurait bon les crayons de couleurs,
Le biscuit sec, la gomme moitié rose - moitié grise
Et la pomme luisante frottée au pan de chemise.
Plus tard, entre deux vers de Maurice Carême
J’intercalais une page des Pieds Nickelés.
Il fallait bien vérifier, tout de même,
Que Ribouldingue était toujours ébouriffé !
Mais la fin de semaine était déjà là
Elle arrivait toujours à grands pas.
Le samedi, bien abritées dans leurs coques épaisses
Plusieurs fratries de cacahuètes, je le confesse
Se laissaient déshabiller sans complexe
Par mes petits doigts experts mais perplexes,
Devant l’énormité du tas d’épluchures
Que je devais cacher sous le siège de la voiture !
Dimanche me plongeait dans le brouhaha du vieux café
Où, perchée sur mes pointes de pieds,
Tout juste le nez sur le zinc, je tentais
De réclamer ma grenadine, douceur du palais.
Tout près, papa jetait sur la piste de feutre vert
Les dés qui peut-être, lui feraient gagner son verre.
Du coin de l’œil j’observais les œufs durs
Sur leur socle, encerclant la salière à rainures.
Je rêvais d’un prendre un au creux de mes mains indociles
Pour briser sur le comptoir la coquille fragile…