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« Ne me demande pas où je vais, je sais juste d’où je viens »
La Retirada qui s’en souvient, 1939 c’est si loin.
Ils arrivent par vagues de malheurs compacts
hagards, épuisés, affamés, sans vraiment d’espoir
Juste fuir le nouveau vainqueur qui massacre à tour de bras
ceux qui ont lutté pour la liberté.
Espagne, te reverront-ils ceux qui se pressent à la frontière ?
Ce fut d’abord le Pays Basque qui se vida de ses enfants
Et supplia la France de les accueillir
Puis Barcelone tomba sous la botte de Franco.
Ils furent 500.000 à s’entasser à la frontière des Pyrénées
Par pitié ! Ouvrez !
On ouvre, on ferme, on rouvre la frontière pour combien de temps ?
Combattants républicains vaincus tendant les armes aux douaniers
On les entasse dans des camps de fortune Argelès, Barcarès,
et les autres vous, souvenez-vous ?
La faim, la saleté, les épidémies,
Pour les civils, le malheur est aussi grand
On sépare les mères des enfants, on trie, on parque
On essaie de prendre le contrôle de l’incontrôlable marée
de l’effroyable marée des réfugiés.
Et l’hiver qui s’amuse à être impitoyable
Si on ne meurt pas de la faim on meurt du froid
Dans les baraquements improvisés.
Un poète espagnol est mort d’épuisement
à peine arrivé sur le sol français.
Ami, si tes pas te conduisent à Collioure
Dépose pour moi une rose
sur la tombe d’Antonio Machado.