Destination : 116 , Présentations
Le meurtre d'Elie Mac Beddy
La vraie question maintenant, c’est : Comment tuer ma tante Greta ?
C’est la seule réponse normale et logique au meurtre qu’elle a commis. Pas de doute sur le délit, ça c’est passé devant moi.
Sans Greta, on n’en serait pas là, n’est-ce pas Elie ? Dix ans de vie commune ruinée, achevée. J’examine son corps fracassé, impossible à panser. Si il avait été simplement blessé, quelques côtes cassées, j’ai déjà soignées et remplacées. Mais non ! Avec une force prodigieuse bien qu’involontaire, Tante Greta l’a brisé d’un coup net. Evidement, elle me parle de dédommagement, de compensation, d’occasion de changement.
Elle recule brusquement devant mon air malveillant. Mes yeux assassins explorent son embonpoint maléfique. Je me pose encore la même question : Comment...
- Je n’avais pas besoin de changement en ce moment. J’appréciais énormément Elie. dis-je à Greta
- Qui ça ?
- Elie Mac Beddy. C’est comme ça que j’appelle mon lit.
- …
Je soulève la couette pour la mettre de côté. Ce n’est pas demain la veille que Greta dormira chez moi.
- Comment peut-on donner un nom à son lit ?
- Comment peut-on dormir dix ans sur une contrée de douceur et ne pas la nommer ?
Elle ne se rend pas compte, la tante. Qui m’a soutenu lorsque j’étais fatiguée ? Qui m’a bercée quand j’étais enrhumée ? Qui m’a prêté ses épaules rembourrées-plumes d’oie pour pleurer un amant éloigné ? Qui m’a emmené une nuit en voyages sans frais, sans bagages et sans râler ? - Car Morphée ne fait rien de concret sans Elie.
Je m’accroupis pour caresser ses pieds. Il était beau, en plus. Beau comme un Lancelot, douillet comme un moïse et muet comme un Marceau. Il a tout vu, tout entendu. Rencontrer mes amours sans grincer des dents ou craquer des orteils. Il m’a connu maquillée, démaquillée, habillée, déshabillée. Elie, c’est ma liberté.
- « Oh, ce n’est pas si grave, va ! » reprend Greta, haussant les épaules
- ….
- Il faut que tu t’achètes un nouveau lit, où vais-je dormir sinon ?
- ……
- « Allons-y maintenant » dit-elle en me prenant le bras.
Un sourire vengeur me délivre du chagrin causé par le meurtre de mon fidèle ami.
- Ok Greta mais c’est moi qui conduit. Donne-moi les clés de ta voiture. Titine, c’est ça ?