Destination : 16 , Verlaine en filigrane
Départ
Les sanglots du vent dans la serrure,
Son long gémissement dans notre cour,
Sortis des mille célestes violons
Blessent mon âme cloîtrée dans ces murs,
Mon cour que les chaînes de l'amour
Retiennent en cette sinistre maison.
D'une funeste journée d'orage
Me viennent tant de langueur, tant de peine,
Et mon existence monotone
Quand, partant, tout suffocant de rage,
Tu me promis une attente vaine.
Et blême, je pleure en cet automne.
Quand les six heures sonnent au carillon,
L'heure de ton quotidien retour
Je guette et me souviens du bonheur,
Des jours anciens, et dans ma prison,
Je t'attends, je supplie et je pleure.
Mais demain, je m'en vais, c'est certain,
Laissant au vent la sombre demeure,
Celle qui nous jeta ce mauvais sort,
Celle qui me voit t'attendre en vain,
Fasse que Dieu m'emporte à son heur,
Loin de ça, loin de là, à bon port.
Alors, pareille à l'oiseau de mer,
A la feuille qui vole à ma porte,
Je quitterai et l'arbre et le fleuve
Et je m'envolerai dans les airs,
Tournant le dos à mes amours mortes,
Par tous les temps, qu'il vente ou qu'il pleuve.