Destination : 169 , Ailleurs, c'est ici
Une part de moi
Vous faire voyager dans mon village d’enfance, de cœur…. Difficile pour moi de choisir. Née dans le nord, ch’ti dans le cœur, j’ai déménagé à l’âge de dix ans dans un petit village de l’ouest de la France et vis maintenant dans la région bourguignonne….je viens d’ici et d’ailleurs, je m’imprègne de tout, prends les bons souvenirs, refoule les mauvais…. Pourtant, c’est dans ce village de l’ouest où je vous emmène. Ce village où depuis treize ans, j’ai construit ma vie, rencontré mes amis, où je reviens chaque week-end que mon travail le permet. Comme je vous l’ai dit, c’est un petit village, pas plus de mille habitants. Je vais choisir le printemps pour vous le décrire…ma saison préférée. Je me réveille, à une heure déjà avancée (je ne suis pas matinale), et instinctivement, me dirige vers la terrasse. Le soleil est déjà haut dans l’horizon. J’ouvre la porte fenêtre et m’avance pieds nus sur les carreaux. (Mon village est d’ailleurs connu pour la construction des carreaux de terre cuite. Des personnes de la France entière viennent s’y approvisionner pour leur cheminée, leur carrelage, leur terrasse …) Ils sont chauds et je lève mon visage vers le ciel. Je laisse mon corps au gré de la nature… j’ouvre les yeux et j’observe l’orée qui se dessine devant moi…. Il arrive souvent de découvrir au matin, des traces de gibier sur notre terrain, une petite biche par-ci, un sanglier par-là….et lorsque mon beau-père se dirige vers son potager, je l’entends revenir en maugréant « elle m’a encore mangé toutes mes salades… ». Je ris rien qu’en y pensant. Un endroit à vous faire découvrir si vous souhaiter rêvasser, vous laissez porter, écrire en toute quiétude (pour Ailleurs Ateliers par exemple), il faut vous rendre vers notre coin d’eau. Notre mini port qu’on appelle « Chalou » où seules quelques barques viennent s’y amarrer après une journée de pêche sur le Loir. L’endroit est calme, seul le bruit du barrage réveille le silence de ce lieu. Quelques vieilles personnes, les figures emblématiques de ce village, se retrouvent dans la journée pour se raconter leurs dernières nouveautés. Plus jeune, je pêchai avec mon frère, je m’installai sur le pont, avec mon sceau, ma canne, mes asticots…. Je demandai toujours à mon aîné de mettre ce petit ver au bout de ma ligne…..et oui, je ne me suis jamais familiarisée. Plus tard, je traversai ce même pont aves amis, traversai à pieds nus ce barrage, très lentement pour ne pas tomber, en espérant que mes parents ne me surprennent pas. Le barrage était long, verdâtre, mousseux….lorsqu’on y posait le pied, c’était si doux, si froid…on arrivait fiers à l’autre bout en regardant derrière soi l’exploit qu’on venait de réaliser. Puis, un ou deux ans après, toujours sur ce pont, je ne le traversai plus en entier…je m’arrêtai au milieu, grimpai sur le petit muret et sautai dans l’eau avec toujours cette petite boule au ventre…. Cet endroit en a connu des vertes et des pas mûres….puis il a fallu laisser ce pont, ce barrage pour continuer vers d’autres endroits de ce village au gré de nos envies, de notre vie. Un autre endroit cher à mon enfance, mon adolescence…notre stade de foot. Endroit banal, présent dans beaucoup d’autres lieux mais qui illustre tellement de choses pour moi. Cette étendue verte, où chaque Dimanche, on vient supporter notre équipe qui donne tout de leur force, de leur énergie. Les Dimanches sont vivants ici, la famille, les amis se rejoignent…les enfants jouent dans le terrain d’à côté… on se retrouve tous après autour d’un verre, d’un café, on rigole, on oubli nos soucis, tout le monde se connait. Endroit qui pour moi représente beaucoup plus que des victoires footballistiques… Lieu qui me fit rencontrer mon premier amour avec qui je vis toujours, lieu qui nous servit pendant la nuit, de site où l’on pratiqua notre première et dernière soirée de spiritisme (oui on était jeunes et on ne doit pas jouer avec ça…) ce sont tant de souvenirs qui ont fait ce qu’on est aujourd’hui. Alors, voilà, ce n’est pas une grande ville connue que je vous ai décrit, ce n’est pas Paris, ni l’une des sept merveilles du monde…. Ce n’est pas non plus un paysage à vous couper le souffle que je vous ai peint et j’avoue, ce n’est pas de la grande littérature dont j’ai fait preuve. Mais j’ai écrit avec mon cœur, avec les mots qui me venaient. C’est un village où lorsque je dépasse le panneau annonçant son appellation, je m’y sens chez moi, même si je n’y suis pas née. Avec un peu de tout, un peu de choses banales, cela a créé des racines en moi, des racines que n’importe quel désherbant n’y viendrait pas à bout. C’est une partie (grande) de moi. Je viens d’ici et d’ailleurs.