Destination : 32 , Premiers instants


Des souvenirs qui n'en sont pas

Nul besoin d’avoir été présent lors de l’arrivée d’Arthur, pour être sûr que tout c’est passé magnifiquement bien. La maman a été admirable de courage et Arthur n’a pas hésité à prendre sa place au centre la fratrie. Une fois arrivé, toutes les petites difficultés classiques et inévitables liées à ce type d’événement, se sont évanouies comme par enchantement. Le papa était à la fois fière et soulagé que sa petite famille, soit enfin réunie. Tout est bien qui commence bien une nouvelle et belle aventure de la vie que l’on lui souhaite réussie, joyeuse, intéressante, créatrice et pleine d’amour…



Pourtant, les dernières semaines ont même été particulièrement épuisantes, pour la mère, surtout qu’Arthur avait tendance à profiter de plus en plus des biens faits du généreux et bon ventre nourricier et du coup, grosse prise de poids qui l’amène à se sentir de plus en plus à l’étroit dans sa poche amniotique. Pour se faire entendre, il ne se privait pas à consacrer du temps à tambouriner des pieds et des mains, sur la paroi ventrale endolorie. Parfois même, il allait même jusqu’à s'exercer à des acrobaties dignes des plus audacieux spécialistes de la danse aquatique.



De plus, l’été etait bien là, même si la canicule n’était heureusement pas au rendez-vous. La chaleur rendait encore plus pénible les journées comme elle perturbait passablement les nuits de la maman. Les périodes de sommeil profond se raréfiaient, tandis qu’une grosse fatigue physique et mentale, s’installait en profondeur. Quant au coresponsable, tout en manifestant sa totale solidarité à toute épreuve et par tous les moyens à sa portée, il n’en restait pas moins que le papa ne connaissait pas les mêmes problèmes. Les seins étaient plutôt, de l’ordre de la mauvaise conscience qui lui tarabusquait l’esprit au réveil à travers un chapelet d’auto – reproches, pour avoir succombé au sommeil du juste…



Mais dès qu’il fut là, présent dans tous états, petit mais mignon, menu mais bien portant, fragile et solide à la fois, mais physiquement et réellement cajolable, les parents ne pensaient qu’à quitter le plus rapidement possible, l’établissement public, pour retrouver une intimité légitime. Il n’y avait pas là l’ombre d’un manque de reconnaissance pour l’équipe de professionnel qui l’avait assisté avec compétence et passion pour leur beau métier, à donner la Vie en toute sécurité. Cependant qui les approché, avait compris leur désir et leur besoin de retrouver leur chez eux. Ce qui était légitime, mais manifestement, sans se douter des suites particulièrement animées que leur réservait Arthur qui se fit un malin plaisir de le rappeler rapidement que désormais, qu’ils n’étaient plus deux mais trois…



D’ailleurs plus que tout autre chose, il faut compter, avec Arthur…







La nouvelle de l’arrivée d’Arthur, a invité beaucoup d’entre les amis, à s’arrêter sur leur propre venue. Certains ont eu beaucoup de faciliter à l’écrire, tandis que d’autres, ont rencontré beaucoup de difficultés à se plier à ce sujet particulièrement ardu… C’est mon cas, mais bien comme de bien entendu, je ne me souvienne de rein, mais je suis certain, que mon aventure, a commencé toute autrement. Je vais tenter d’en imaginer quelques courts instants.



Je souviens que ma première minute de vie autonome, fut magique. Elle a été accompagnée d’un premier souffle et d’une première respiration douloureuse au point de m’extraire mon premier cri strident … J’ai appris bien plus tard, que les spécialistes l’avaient baptisé « le cri anal». En ce qui me concerne, je me crois que ce cri venu du fond du cœur, a été heureusement suivi d’un formidable sensation de soulagement de d’une douleur originelle, qui m’ait transpercé le corps dans tous les sens. C’est alors que je pris la mesure de la profondeur du bouleversement qui venait d’intervenir dans la quiétude ventrale dans laquelle s’était épanouie, ma très courte vie…



A partir de là, tout était nouveau, tout était inédit pour le petit crâne cabossé, bizarrement pointu et poilu, dont j’étais doté. Mais le côté le plus caractéristique c’était l’impressionnant front bombé qui, d’après les témoignages convergents et indiscutables de ma maman et de mes grands-mères, exprimait déjà une belle dose d’intelligence des plus convenables et une bonne quantité de volonté dites de fer…



A cet instant précis ou la tête parvint hors la matrice maternelle et le minuscule nez plat se pointa à l’air libre, la «tête» fut brutalement envahie par une multitude d’images furieuses, d’odeurs inattendues et de sons désagréables. Aujourd’hui ordinaires et familiers mais à l’instant précis de la découverte du monde, cet environnement était loin d’être drôle et rassurant. J’eu peur ; réellement peur et la panique, était présente en moi. Malheureusement, je n’avais pour seul moyen d’__expression, les pleures. Mais cette façon d’exprimer tout ses malaises, avait perdu de son efficacité puisque que les adultes considéraient à cette époque là, qui était normal que les bébés pleurent…Une chose est sûr, une naissance du point de vue du bébé et un accouchement, de celui de la maman, deux êtres humains qui connaissent l’événement de l’intérieur, chacun de sa place et à sa façon, considèrent que "ce n’est pas une promenade de santé" …



Bien que je n’ai aucun souvenir précis, je peux dire que l’éblouissante lumière naturelle qui éclairait la modeste salle de travail de l’Hôpital Sainte Eugénie de l’ex-Michelet (Confédération des Aït Menguelette), dans la région de la haute Kabylie, Algérie, m’était simplement insupportable. La situation du modique nourrisson de 2 Kg 960, était même dangereusement menacée, d’autant plus que n’importe quoi à n’importe moment, pouvait lui être fatal. L’humanité était encore sous l’emprise de « la sélection naturel ». Les qualités physiques qui étaient requises pour espérer continuer longtemps l’aventure de la vie, n’était pas le point fort du fragile « bout de chou », arrivé trois semaines avant la date du rendez-vous. La médecine, bien que présente, était encore totalement dépourvue dans ce type de circonstances. La présence de l’équipe de la maternité, n’avait en fait, aucun moyen pour éloigner toutes les menaces qui rodaient dans l’environnement d’un bébé et dont on a même plus

idée aujourd’hui…



Quant à la période en elle, elle fût la plus féconde parmi les plus prolifiques en matière de natalité. Selon les statistiques connues, l’année 1947 a battu le record à la procréation. Une __expression « génération du baby boum », est depuis consacrée par les démographes et par l’__expression populaire. J’appartiens à cette foule de femmes et d’hommes qui se préparent à raccrocher. La folie des hommes qui avait sacrifié quelques millions de membres de leur espèce et fait souffrir des millions d’autres venait juste de se calmer et l’humanité se mit à se multiplier à grande échelle, comme pour « conjurer le sort »…



Salem