Destination : 91 , Traîtres
D 91 Traître!
D 91 Traître !
Mon copain coquin, malin mutin, me planta là.
Vilain chafouin, petit bougre prétentieux,
Coquin malin me planta là.
« Ah tu peux faire le gaillard maintenant, le fier, le bravache, le beau sire ! Tu peux lever haut la tête aujourd’hui, faire le monsieur, défier le monde avec ton œil borgne, il est bien temps ! Canaille ! Faux frère ! Mais qu’est-ce qui a bien pu passer sous ton crâne lisse et chauve ? Lâcheur ! Capon ! Faquin !
Allons, vieux camarade, n’y a-t-il pas des décennies que nous faisons route ensemble ? Ne t’ai-je pas emmené dans les meilleurs endroits, dans les envers les plus torrides ? N’avons-nous pas bu aux même fontaines, embrassé les mêmes bouches parfois timides, parfois gourmandes, tantôt coquines tantôt prudes, aimantes pour certaines, réservées ou impétueuses ?
Je le sais bien, tu as été malmené parfois. Je t’ai aussi commis dans de piètres aventures, te brusquant un peu ainsi qu’on le peut faire avec un vieux complice. Tu as pris quelques mauvais coups, si j’ose dire.
Mais tout de même ! Ne t’ai-je pas lavé, pansé, soigné, dorloté enfin, ainsi qu’un nouveau né. Ne t’ai-je pas confié aux mains les plus douces quand ta peine était immense, quand le monde était hostile et froid ?
Quelle impudence, quelle vilaine défilade tu commis là ! Conviens-en: la belle était fort belle, la table était mise et les convives avaient faim ! Tu t’es comporté, il faut le dire, comme le dernier des goujats. Mufle, capon, renégat, tu m’as trahi ! »
Copain coquin, malin mutin me planta là,
Un triste et chafouin petit matin.
Et cette improbable Zéfirine,
Gentille et désolée,
Zéfirine s’en est allée
Me laissant là.
En bord de route
Nu et coît dans le matin,
« Le cœur en déroute
Et l’habit à la main. »
ZK