Destination : 5 , Si on s'écrivait ?
Son enfant
On frappa discrètement à la porte plusieurs fois.
Rémi finit par éteindre d’un geste rageur la radio qui diffusait une prestation de Rostropovitch. Il se dirigea vers la porte d’entrée d’un pas énervé.
Il dirait « Vous avez poireauté bien fait ! La sonnette ce n’est pas fait pour les chiens ! ».
Il ouvrit la porte le visage rougi. Il dû descendre son regard. Une fillette, maigre, portant un lourd sac à dos, le regardait fixement.
Rémi perdit toute assurance et dit d’une voix étranglée « Qu’est-ce-que tu veux ? » La fillette lui tendit une lettre qu’elle tenait si fermement dans sa main qu’elle l’avait chiffonnée.
« C’est ta fille. Elle n’a plus que toi. Quand tu liras cette lettre j’aurais crevée.
Tu peux faire tous les tests de paternité qui existent au monde cette enfant est de toi. Je le regrette mais c’est ainsi.
J’ai essayé de l’élever du mieux que j’ai pu avec les faibles moyens qui étaient les miens.
Je dois reconnaitre que si elle a eu une bonne éducation (elle te montrera tous ses bulletins de notes) elle n’a pas connu le bonheur, ni moi d’ailleurs. C’est une petite timide, silencieuse, respectueuse qui ne rit ni ne chante jamais.
Tu sais que par ta faute toute ma famille m’a reniée et toutes mes amies se sont détournées de moi. C’est du passé, mais je sais que je vais mourir avec cette pensée là.
Puisque tu as gâché ma vie, j’espère que tu vas sauver celle de cette enfant qui je le répète est TA FILLE (d’ailleurs elle te ressemble)
Tout ce qu’elle possède (pas grand-chose) est dans son sac à dos.
Je ne te supplie pas. Je te demande de faire simplement ton devoir de père. Il me semble me souvenir que tu étais intelligent, je pense que tu y arriveras. »
La lettre se terminait ainsi. Pas de formule.
Rémi, les mains tremblantes, regarda avec acuité la petite fille. Non, elle ne lui ressemblait pas. C’était tout simplement le portrait d’une jeune fille qu’il avait connue il y a bien longtemps et qu’il avait abandonnée. Les souvenirs arrivaient par bouffés et se bousculaient dans son cerveau.
Il dit à l’enfant d’une voix douce : « Rentre on va faire connaissance ». Il débarrassa la fillette de son sac à dos.