Destination : 5 , Si on s'écrivait ?
Voyage extraordinaire
Chers amis de l'atelier,
Trois jours seulement que je suis arrivé à destination ! Le voyage fut long, et parsemé d'embuches. J'ai cru à plusieurs reprises devoir rebrousser chemin et renoncer à mon projet. Figurez-vous qu'au beau milieu du voyage, le navire a été mis en cale sèche pour une durée indéterminée. Besoin d'une révision générale…J'ai donc dû trouver d'autres systèmes de navigation et pour ce faire, je me suis découvert des trésors d'imagination en fabriquant diverses embarcations, certaines plus sécurisées que d'autres mais, mises bout à bout, ces solutions de fortunes m'ont permis de sortir du guêpier dans lequel je me trouvais. De saut de puces en saut de puces, j'ai fini par débarquer sur l'île-aux-cabanes ! Allez, je vous passe les détails de mon voyage tant il me tarde de vous décrire ce que je découvre dans cet endroit paradisiaque : chaque jour de nouvelles cabanes à explorer, toutes plus surprenantes les unes que les autres.
Pour l'instant, ma préférence va à la cabane-des-mille-et-une-portes de laquelle j'ai bien failli ne pas revenir, tant je me suis égaré dans ce labyrinthe coloré : la porte d'entrée, dorée, ouvre sur un décor de palais enchanté, mes yeux en gardent des aplats pastels et des meringues immaculées. Au fond de ce décor de rêve, se trouve une porte lie-de-vin débouchant sur une petite salle parquetée avec danseurs et danseuses de flamenco accompagnés de leurs guitaristes et chanteurs. Je me suis fais tout petit, j'ai ouvert bien grands mes yeux et mes oreilles pour ne rien perdre de ce bouillonnant spectacle. Puis mon regard s'est porté sur un petit vasistas bleu au travers duquel je me suis faufilé. Cela m'a conduit dans une petite pièce vide, aux murs couleur d'azur et au sol couvert d'une épaisse couche de coton. Je me suis assis dans un coin et j'ai écouté le silence. Longtemps. Ce qui m'a fait un bien fou, comme si on m'avait vidé la tête de toutes les idées superflues… Tout débarbouillé du cerveau, j'ai alors aperçu une trappe recouverte de feutre blanc au milieu de la pièce. Elle était à peine entrouverte. Je me suis approché, l'ai soulevée et… j'ai sauté, les yeux fermés, en me bouchant le nez. J'ai atterri quelques mètres plus bas, les fesses dans le sable d'une grande pièce ronde pleine de dunes rosées…
Je pourrais écrire des pages entières sur cette fabuleuse cabane, mais je ne voudrais pas vous lasser, cette cabane-des-mille-et-une-nuits n'a d'intérêt que de visu. Demain je pars à la découverte de la cabane-matriochka, et s'il me reste du temps je pousserais peut-être jusqu'à la cabane-flottante. Il paraît que la cabane-de-Babel est à voir absolument, ainsi que la cabane-caméléon.
Je pense que je vais m'installer sur l'île pour un long moment. Je vais bien et j'espère de tout cœur qu'il en est de même pour vous. Je vous écrirai de temps à autre mais n'attendez pas mon retour prochain. Je suis si bien ici, en conversation avec les milliers d'oiseaux nichant sur les falaises. Je suis bien loin de l' île de la solitude.
Très affectueusement,
Votre bâtisseur de rêves