Destination : 6 , Coups et douleurs!
Soudain j'entends
Soudain j’entends :
- Vous m’entendez madame ? … Vous m’entendez madame ? …
J’ouvre un œil que je referme aussitôt ! La même voix reprend :
- ne répondez pas !
Elle est bonne celle-là ! Je suis branchée comme une centrale, j’ai des tuyaux partout dont un précisément, enfoncé dans le larynx et on me conseille de ne pas répondre…
Je cligne des yeux (très difficilement ) pour signifier que je reçois la voix 5 sur 5 et qu’on peut m’enlever mon bâillon qui m’étouffe plus qu’il ne m’aide à vivre …
Soudain c’est la panique … tûûût tûûût tûûût se met à crier mon aide respiratoire
Je roule des yeux hagards, cherchant désespérément, comment je peux arrêter ce, truc !
- Respirez avec la machine madame ! me redit la voix .
Je ne sais pas par quel miracle la machine se tait.
Il s’ensuit alors un dialogue affligeant :
Moi - hummmmm (ce qui en clair donnerai : - Retirez moi ce tuyau ! Je peux respirer toute seule vue que je m’y exerce depuis quarante-sept ans !
La voix - (qui apparemment ne sait pas traduire le langage de l’assisté en respiration ) me gueule comme si j’étais sourde :
- On va attendre un peu, il faut que vous soyez bien réveillé et elle réitère sa recommandation
- respirez avec la machine madame !
Je re-cligne des yeux … et je m’efforce de suivre le rythme imposé par cette saleté de bécane…
D’autres machines déclenchent leur signal d’alarme. Ce qui me donne à penser que chez les « assistés » la résistance s’organise !
Punaise ! Mais réveillée, je le suis ! Surtout avec tes cris à me décrocher les tympans.
C’est bizarre mais quand les gens ne vous comprennent pas, très souvent ils augmentent le volume de leur voix !
- Hello! - you speak English?
- Pardon ???
- You speak English?
- JE NE COMPRENDS PAS ! Répond l’autre, en haussant systématiquement les décibels de son organe !
Je me trouve drôle et je me marre, ce que la machine me reproche illico klaxonnant de plus belle en représailles ; machine délatrice !
- Respirez avec la machine madame !
Cette fois la voix à un visage, c’est une femme et elle m’annonce que l’on va me libérer.
Elle a dû pour le faire, profiter d’un de mes moments d’inconscience ou alors elle l’a fait avec une grande douceur… je n’ai rien senti ! Maintenant je respire seule et si je veux !
Par contre une satanée douleur m’occupe l’esprit, elle se situe au sternum et tout mon humour ne peut rien contre !
Oh ! Maman ! Bobo !
Vers 15 heures je remonte dans la chambre. Mon homme m’y attend. Il est plus pâle que moi. Il sait qu’ils ont réparé la valve mitrale mais comme le lui a dit le professeur, on ne peut pas faire du neuf avec du vieux, mais ça peut tenir vingt ans… peut-être plus ?
Comme je suis optimiste j’opte pour le plus !