Destination : 6 , Coups et douleurs!
Douleur muette
Salle d'atente comble, chaleur intenable et idées noires, sa journée commençait bien!
On l'aurait laissée à la maison, libre de disposer de son sort, de son corps malgré son handicap, elle aurait été heureuse, insouciante, parcequ'évoluant dans son cadre familier, parceque vivant sans contrainte aucune et surtout parcequ'elle ne savait pas.
Aujourd'hui, elles sont toutes venues, toutes ses filles, elle en a eu six.
Trop, avait dit sa mère, tu aurais dû t'arréter au troisième enfant, tu n'arriveras jamais à tenir le coup. Mais elle, elle ne savait pas à cette époque comment faisaient les autres femmes pour ne plus avoir d'enfants, pour ne plus tomber sans cesse enceinte, pour arréter une grossesse déjà installée.
A présent que ses filles étaient grandes, elle ne regrettait rien, elle avait tout oublié, les montagnes de linge, les journées interminables, les nuits de veille, la course incessante d'un enfant à l'autre.
Elles l'avaient vue tituber et rire de son déséquilibre qu'elle ne prenait pas au sérieux, elle était arrivée à détourner leur attention, une année durant mais à présent, elle ne riait plus, elle tombait, se relevait puis tombait à nouveau mais n'arrivait plus à se relever, c'était ainsi, étendue sur le sol que l'avait trouvée sa fille ainée ce matin en venant l'aider à ranger la maison.
Elle alerta ses soeurs, appela son médecin qui la dirigea de suite vers le spécialiste.
Que de questions!!
Non, sa tête ne lui faisait pas mal, non, elle n'avait pas de vomissements.
Scanner, IRM, la grande batterie des examens et le verdict : dans quelques mois, elle ne pourra plus marcher, une énorme tumeur comprimait les nerfs moteurs, une tumeur intouchable qui a poussé dans l'enchevêtrement des nerfs vitaux, il va falloir vivre avec, le reste de sa vie.
Soudain, cette tumeur ancienne, s'était mise à lui faire mal, mal dans sa tête, mal dans ses jambes qui ne voulaient plus la porter, mal dans ses filles, qui n'arrétaient pas de lui téléphoner mais qui ne lui amenaient plus leurs enfants parcequ'elle ne pouvait plus s'en occuper, qui lui avaient assigné une garde-malade qui lui interdisait de faire un seul pas sans elle, mal dans ses journées qu'elle ne savait plus comment occuper.
