Destination : 170 , Journal d'un capitaine


journal d'une boîte aux lettres

Lundi 2 mars : rien



Mardi 3 mars : rien



Mercredi 4 mars : rien



Jeudi 5 mars : tiens, du bruit… Oh… Déception ! Sur un petit carton blanc, quelques lignes à l’encre verte : entretien de jardin, tailles, élagages, tontes de pelouses. Entreprise ONCOUPTOUT. Tél……….



Vendredi 6 mars : rien



Samedi 7 mars : Ah, un petit feuillet jaune, tout en légèreté. Voyons le recto… « Ouverture prochaine d’une librairie-papeterie en centre ville ». Ah ben voilà d’la bonne nouvelle ! Ça va peut-être leur donner des idées, depuis le temps qu’ils n’écrivent plus ! Les mails, les mails, toujours leurs mails ! Du coup, moi j’me retrouve au chômage, mais ça n’a pas l’air de les gêner plus que ça… Même plus une petite facture à se mettre sous la dent, pas le moindre petit relevé bancaire. J’vous dis, du boulot, y en a plus que pour les ordinateurs. Bientôt, on nous mettra au musée. Quand j’pense à l’époque où je croulais sous le travail…Parfois j’avais même du mal à accueillir toutes les enveloppes. Ah, j’me régalais ! Je recevais des lettres parfumées, ambre, benjoin, santal ou bergamote. Elles étaient pleines de mots ronds, de mots doux, de mots ensoleillés, couleur vacances. Des mots qui tissaient des poèmes à Lou, ou des lettres à Elise. Parfois aussi j’accueillais des lettres révoltées, pleines de mots qui disaient « j’accuse… ! ». Ah, c’était une autre époque…



Lundi 9 mars : Tiens, une enveloppe… Oh, non ! C’est encore le père Yves Cailloux qui vante les mérites de ses produits cosmétiques. Ce n’est pas du courrier, ça ! Et y a même pas un vrai timbre ! J’adore les timbres, les beaux, ceux qui racontent des histoires.

Si vous saviez comme je m’ennuie !



Mardi 10 mars : rien



Mercredi 11 mars : rien



Jeudi 12 mars : rien



Vendredi 13 mars : Ça alors ! Vous n’allez pas me croire… J’en ai vu, dans ma vie de boîtes aux lettres. De toutes les couleurs, même, mais ça, je ne connaissais pas ! Je viens de réceptionner une enveloppe… il faut la voir pour y croire…Entièrement décorée à la main. Encre de chine et aquarelle ! Un personnage pousse une brouette sur laquelle est inscrite mon adresse. La roue est formée par l’oblitération de la poste et un timbre, superbe, s’est installé, non pas au nord-est de l’enveloppe comme d’habitude, mais à l’intérieur de la brouette, comme si le personnage venait me l’apporter… Ma-gni-fique !

Alors vous pensez bien, je me suis renseignée. Il paraît qu’on appelle ça de l’art postal, du mail art qu’ils disent les anglais…

Moi, ça me plaît drôlement, ce truc là. Ah, je me sens pousser une nouvelle jeunesse ! Bon, j’vous laisse, j’vais faire un peu de sport, j’voudrais bien red’venir une boîte alerte, et puis j’vais m’faire une petite mise en plis, faut que j’retrouve ma féminité, moi !

griotte