Destination : 177 , Les 2èmes Jeux Oulipiques d’Ailleurs


Voyageur impénitent & Le cadeau : Lipogramme & Centon

Orage vécu sur ma tête nue.

Peu m'importe ! Rien ne compte

Encore

J'ai une caboche de marbre et

Des pieds d'ange fugueur.



Des senteurs revenues dessinent un espoir que je croyais perdu.

Souvenir d'une fugace canopée dressant sa mâture

Dans le lac taché d'argent du firmament

Permettant ainsi, au voyageur démuni,

D'accoster, sans heurt, au quai d'une aube de promesses.



Peu m'importe ! Rien ne compte

Encore



J'aurais pu rêver, aussi, de m'ancrer

Dans des ports infiniment exotiques

Où s'entassent pour des regards avides

Des trésors offerts d'Orient ou d'Afrique.



Mais rien n'arrêtait cette volonté de pouvoir vivre,

Juste un infime moment,

Cette nuit imaginée, devinée, espérée

Foisonnant vivier de frissons inconnus,

Mystérieuse mangrove dont chaque racine chante et soupire d'amour.



Peu m'importe ! Rien ne compte

Encore



Cette présence de coraux revenus du fond des temps.

S'agitant dans ma poitrine océane.

Ce point de vie que j'ignore et qui crie

"Oh ! voyageur impénitent, pour qui rien ne compte

Encore



Ecoute, un temps, un coeur qui, pour toi, pourrait s'égrener."



Fin



Sur un banc perdu du jardin solitaire,

Je lisais distraitement une poésie hermétique.

Puis je fermais les yeux cherchant dans mes souvenirs

Une autre consolation.



Lentement, en habile servante des songes,

Une ombre descendait vers moi.

Le vent plus frais apaisait la fin du jour.

Je me mis à rêver.



Je vis un enfant qui, à mes pieds, jouait avec le sable d'une étrange plage.

Il chantait une contine

Je l'écoutais.

Les bruits et les senteurs revenaient.

Les voiles de ma nuit d'adulte se déchiraient

Je revis les visages oubliés qui sur moi de penchaient.

Et mon coeur, ce rocher, sur lequel les émotions se brisaient,

Eclata, s'égrena sur le sable où jouait l'enfant.



Il leva vers moi son regard clair.

Sortit de sa poitrine un carré de papier

Puis disparu dans un vol de colombe.



Je dépliais en tremblant le fragile cadeau et le lu.

C'était mon premier poème d'amour.



FIN

Evelyne W