Destination : 7 , Objet banal mais capital.


Vivre et Mourir. Chroniques de la 1ère guerre (5)

Charles – 11 novembre 1920



Un nom gravé sur une stèle, voilà ce qu’il reste de toi, mon fils.

Six ans que tu es parti, trois que nous savons que c’est pour toujours.

Ils n’ont jamais retrouvé ton corps. Où te caches-tu ?

Es-tu enfoui sous un monticule de terre ? As-tu été éparpillé au vent ?

Une fleur, un arbre, un buisson pousse-t-il au pied de ton sépulcre ?

Parfois la nuit je me réveille en sursaut, brûlant…

Il me semble t’entendre m’appeler, me supplier de venir te chercher

Je transpire et j’ai froid, encerclé par la nuit…

Rien ne passe, rien n’est pire que cette incertitude.



Un nom parmi d’autres, gravés sur une stèle. Tu es là, mon fils.

Devant la mairie, pas loin de l’Eglise où tu as été baptisé et où tu t’es marié.

Ce matin c’était le grand jour, la grande inauguration.

Après la bénédiction du prêtre, les discours politiques,

A la gloire de nos petits, tombés pour leur pays

A la gloire d’un pays, qui a dévoré ses petits.

Je voudrai leur cracher à la gueule mais je ne le fais pas.

Pour ta mère, pour ton frère, pour ta femme, pour ta fille,

Et tous ceux qui ont besoin de croire que ce n’était pas vain



Ton nom gravé sur une stèle : J.O.S.E.P.H

Six lettres capitales sur une pierre banale

C’est tout ce qu’il me reste de toi, mon fils.

Myriam