Destination : 18 , Détournements majeurs.


Conte immoral

Je vois débouler dans mon salon une bande d'individus bizarres, sorte

de gnomes informes, habillés de jean crasseux et de chemises auxquelles

manquent pas mal de boutons.



- Qui êtes vous?



Celui qui avait des oreilles décollées où la lumière jouait comme à

travers une coupe d'albâtre, prit la parole:



- Ben m'dame, vous avez devant vous les sept frères Di, moi: lun Di,

puis il désigne un à un les autres: mar Di, Mercre Di, Jeu Di, vendre

Di, Sam Di, et Di manche, lui, il a toujours été un peu spécial, vue

qu'il est sorti le dernier de la portée, il se repose.

Nous avons recueilli Noire Suie, car elle nous suit partout. En effet,

une grande jeune Africaine fort belle, en robe rouge souriait de toutes

ses dents blanches, soulevant un côté de sa robe, elle se mis a

excuter une danse rythmée, laissant découvrir de longues jambes de

sprinters.



J'appris toute l'histoire.



Elle s'était sauvée du palace de son père ne supportant pas sa dernière

épouse, dont la beauté de brune à la peau de porcelaine, aux yeux verts

de félin, faisait ombre à sa noire beauté, et monopolisait un peu trop

l'attention de son père.

Elle avait préféré partir, se sauver dans la forêt, avec l'insouciance

d'une toute jeune femme n'ayant aucune idée de la précarité de la vie.

Elle était tombée sur cette horde de loustics traînant la savate en

rentrant d'une journée de travail.

Elle avait faim, esquissant un pas de danse elle les avait vite

subjugués, et c'est d'un pas guilleret qu'ils l'avaient conduite dans

leur masure. La soupe au lard fût vite prête, à défaut de raffinement,

elle était fort copieuse. tout cela l'amusât beaucoup, l'a changeait du

luxe des palaces paternels.

Certain des sept nain, il faut bien les appeler ainsi, espéraient en

secret qu'elle tiendrait la maison en échange du gîte et du couvert en

alu.



Que néni, elle dansait toute la journée, chantait, ramassait d'énormes

bouquet de fleurs des champs qu'elle disposait avec goût dans la seule

marmite de la maison, ils dure en acheter une autre.



Des clans se formèrent, ceux qui grognaient qui critiquaient, et ceux

qui la soutenaient.



La belle Noire Suie était de nature généreuse, ne s'encombrait pas de

moral, elle pensa qu'il valait mieux les mettre tous dans sa poche, elle

utilisa alors des arguments vieux comme le monde; la semaine avait sept

nuits, elle avait besoin d'eux, ils étaient fous d'elle.



- Tout ça n'explique pas ce que vous faites au milieu de mon salon.



- Vous êtes les plus grands producteurs de fruits et légumes de la

région cavaillonnaise. Dit celui qui avait des lunettes sur le nez, et

un air très sérieux. Nous avons besoin de caisses de pommes sans

facture, payable en liquide, nous vous offrons le double du prix à

condition de promettre ne nous avoir jamais vus.



Ils partirent avec leurs caisses, les pommes rouges rivalisaient de

couleur avec la robe.

le cortège était cocasse.



Le plan, quelle avait longuement cogité avec leur aide, était astucieux

et simple, tout était en place, elle avait , à son grand étonnement,

découvert parmi eux de vraies intelligences, de fins stratèges.



La superbe brune au teint de porcelaine, dernière épouse du père, sort

du palace chevauchant une Toyota rouge grosse cylindrée, ses cheveux,

retenus par un foulard rouge, tracent comme un trait de calligraphie

dans son sillage, elle descend la corniche à vive allure faisant crisser

à chaque virage les pneus, épousant de tout son corps collé à la

machine les courbes de l'asphalte, inconsciente du danger, concentrée

sur le plaisir, l'ivresse de se sentir dessiner l'espace. Au troisième

virage, quatre des frères Di sont aux aguets sur la colline, dés qu'elle

amorce le virage, elle rétrograde, puis un petit coup d'accélérateur...

A ce moment précis, ils balancent les caisses de pommes qui se répandent

en joyeuse débandade sur la route, rebondissant, jouant de sauts, de

roulades. La Toyota freine, les pieds de la superbe, au teint de

porcelaine, raclent le sol, elle n'est plus maître de la direction, elle

s'agrippe, c'est la chute vertigineuse, la moto et la femme, en un

dernier corps à corps, basculent, coulent à pic, liées pour toujours,

dans le bleu étincelant de la mer.

Juste comme un coquelicot, l'écharpe flotte.



Noire Suie, un sourire cruel au coins des lèvres, est satisfaite, elle a

bien fait de ne pas écouter cette sordide sorcière et ses histoire de

poison. L'opération bien menée, est propre, rigoureuse, sans erreur, et

définitive. Bon travail d'équipe.



Elle plante là rapidement cette bande d'affreux, sans état d'âme, sans

aucun remords, ils ont connu grâce à elle, un petit coin de paradis.



Elle court, elle vole vers le palace rejoindre le prince son père.



Mireillekat