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Destination : 306 , Même au-dessus des nuages le ciel est bleu

Guérison

J’ouvre la fenêtre et les vignes, dorées par l’automne, sont bien au garde à vous, grosses de grappes sombres. Elles s’étendent jusqu’à l’horizon où s’amollissent des monts bleutés.

L’air frais chatouille les narines avec des odeurs de pain grillé.

Une femme chante, un enfant rit et crie. Des oiseaux pressés traversent le ciel d’un bleu tendre. Ils lancent quelques cris brefs de ralliement.

Mon cœur est calme. Je regarde ardemment la nature et la nature, complice, se laisse absorber.



Qui aurait pu imaginer … ? Il était un temps où j’ouvrais une autre fenêtre et je ne voyais rien. Il me semblait que le monde était en noir et blanc. Un monde terrible, de silence et de solitude glacés.



Il y eut cette vieille maison, épaisse, solide, avec ses murs tapissés de lierre fureteur, toutes ses fenêtres, bonnes filles, qui accueillaient généreusement la lumière, même la plus timide et toutes les portes qui ouvraient lentement, pour savourer, sur le jardin, le potager et la grange.



« Tu verras, dans cette maison, tu guériras ». C’était sa maison, sa coquille de bonheur simple et il me la tendait en ami sincère. « Tu pourras y rester autant qu’il le faudra ».

J’étais alors si fragile, il me fallait renaître. Chaque jour était un apprentissage.

Les yeux fermés, pouvoir écouter le chant des oiseaux. Ce sont les oiseaux qui m’ont sortie de la surdité.

Peu à peu identifier les odeurs, c’est l’odeur des draps et des rideaux de ma chambre qui a réappris à mes narines à palpiter.

J’ai pu, sans canne, aller vers la cuisine où l’époustouflante Juliette, qui cachait dans ses sourires et son entrain, ses « presque 80 ans » me préparait une soupe épaisse de légumes du potager.

« Ce serait que vous venez me donner un coup de main ? » Que oui, chère Juliette !

J’ai eu faim de nouveau, grâce à ses mains ouvrières.



Le jour où j’ai enserré, débordante de tendresse, le tronc d’un peuplier qui veillait sur un modeste cours d’eau, j’ai su que j’étais guérie.



Les vendangeurs se réunissent dans la vaste cour pavée. Ils parlent haut et fort avec un bel accent chantant. Un chien jappe et saute de contentement.



Je vais aider à la préparation de leur repas et je les servirai.

J’ai retrouvé la joie d’être parmi les autres.



Evelyne Willey

EVELYNE W