Destination : 32 , Premiers instants
La galère (2)
Je sens que l’on me tire par les pieds, que l’on
m’oblige à sortir de la caverne chaude et nourricière
du ventre de Maman. La lumière m’aveugle, je ferme les
yeux, je crie. Puis, mon ventre se gonfle, cela me
déchire. La sage-femme coupe le cordon ombilical, me
voici seule dans un monde étranger.
- Bienvenue aux pays des Humains ! Me dit mon Ange
Gardien, la souffrance, c’est le début de ton
apprentissage de la vie sur terre, rassure-toi, tu
auras aussi des moments agréables ! Il m’entoure
pendant un instant de ses belles ailes blanches, il
est magnifique, j’ai confiance.
La sage-femme me lave avec de l’eau plus froide que le
liquide amniotique dans lequel je baignais, c’est
désagréable, je continue à crier. Elle me place
ensuite dans une pièce et le vacarme continue : je
suis entourée d’autres bébés aussi contents que moi
d’être nés ! Une vraie cacophonie qui irrite mes
oreilles !
Me voici maintenant à la fois seule et entourée
d’inconnus, j’ai faim : je dois attendre un moment
avant de sentir un liquide chaud, agréable pénétrer
dans ma gorge. Depuis que je suis née, je ferme
presque tout le temps les yeux : j’oublie ainsi ma
nouvelle situation pénible.
Pourtant étant d’un naturel curieux, je me décide à
ouvrir un œil pour voir ce qui se passe dans mon
nouvel environnement : j’aperçois alors un homme
jeune, étonné qui me regarde avec intérêt ; qui est-ce
? Je ne reconnais ni son odeur ni sa voix. Lorsque
j’étais dans le ventre de Maman, elle me parlait,
chantait ; nous étions liées par la douceur, l’amour,
celui-là, il m’est indifférent. Maman me dit :
- C’est ton Papa, il t’aime !
Moi, j’aurais préféré la compagnie de mon Ange Gardien
mais il a disparu. Il m’a laissée là, avec un père que
je ne connais pas et des étrangers. Heureusement j’ai
Maman, mais elle est fatiguée et n’est pas toujours là
pour me prendre dans ses bras quand j’ai un coup de
blues ou quand j’ai faim : bonjour les frustrations !
Je sens que ma vie va être difficile !