Destination : 32 , Premiers instants
Etincelle
Elle ne savait encore rien, mais c'est pourtant ce soir là, dans le silence de la nuit que j'ai commencé à entendre ta toute petite voix!
Et je t'ai appelée Etincelle, petite étincelle allumée par l'amour!
Et tu parlais sans mots Etincelle: chaud, rouge, liquide, grandir, grandir....
Nous savions désormais que tu étais là, bien en sécurité dans ton nid, le ventre de ta maman.
Tu apprenais nos voix Etincelle et la musique que nous te faisions entendre t'apaisait.
Dans ma tête, Etincelle tu t'amusais à jouer sans fin le tam-tam du coeur de ta maman.
Tu changeais vite Etincelle, tu n'avais qu'une idée : chaud, rouge, liquide, grandir, grandir, pour affronter le dur chemin de la vie.
Mais il est long le périple qu'il te faudra parcourir, le voyage millénaire des espèces, 9 mois pour accomplir cette expédition immobile et immémoriale .
Tu n'avais pas de crainte Etincelle: chaud, rouge, liquide, grandir, grandir.
Maintenant, on pouvait te toucher à travers le ventre arrondi de ta maman: jeux, caresses, douceur.
Et puis enfin, il a fini par arriver, le jour du tunnel, qui t'as aspiré irrésistiblement. Tu as été submergée par la peur et l'angoisse, Etincelle : inconnu, noir, serré, douleur sans fin.
Je souffrais ta souffrance Etincelle.
Et dans ma tête tu as pleuré ton monde perdu.
Et puis ce fut la fin du cauchemar, Etincelle. Ton petit visage convulsé, tu criais ta rage au monde de t'avoir fait subir cela: froid, clarté trop vive , respiration forcée, aggression, violence.
Mais Etincelle, des visages éblouis sont penchés sur toi, illuminés par l'amour.
Tu peux reposer sur le ventre de ta maman, apaisée par les battements de son coeur...
Tu es née, c'est ta nouvelle vie qui commence.
Tu garderas enfouie et oubliée la nostalgie de ton ancien paradis et le souvenir de la violence et du traumatisme de ta naissance.
Alors tu connaitras ton nom, Etincelle.
Ta petite voix dans ma tête s'est tue à jamais.