Destination : 16 , Verlaine en filigrane
Fêlure
Tout au fond de moi, comme un sanglot retenu
Comme un long silence
J'ai mal à l'âme
Des violons rouges viennent percer la toile sensible de mon désarroi
Rouge de l'automne prémices de l'hiver
Hiver si froid dont je sens déjà la glace blesser mon coeur
J'ai mal à l'âme
Une langueur m'enveloppe
une immobilité me saisit
Les jours passent, monotones et d'ennui
J'ai mal à l'âme
Tout suffocant dans mon lit de souffrances qui me tenaillent
Le teint blême quand d'un miroir je croise le regard
Quand sonne l'heure, je me sens déjà ailleurs
J'ai mal à l'âme
Je me souviens, prisonnière sur le seuil, des jours claires où jouait la lumière, où le soleil réchauffait l'esprit,
les anciens jeux du bonheur ou je courais à tue-tête
Et je pleure de ne pouvoir saisir que fantômes qui s'effilochent
j'ai mal à l'âme
Le crépuscule est là, je le saisis, et je m'en vais
Tel une feuille se détache de l'arbre
Tournoie dans le vent, se sens de l'oiseau les ailes
Ne plus lutter
Se laisser, en des courants montants ascendants, planer
Plus de mauvais rêves, elle a rejoint l'éther
J'ai mal à l'âme
La spirale m'emporte, me vrille, torche si vivante, fusée vers l'univers lacté, redescend semant deçà delà des
étincelles en pluie d'étoiles
J'ai mal à l'âme
Puis tout se calme, redescend
La terre s'espère chaude
La feuille morte devient humus
De l'humus d'autres vie déjà
J'ai du baume à l'âme.