Destination : 18 , Détournements majeurs.
A la bonne heure
« …..La Fable semble encor vouloir nous faire entendre,
Que souvent de l'Hymen les agréables nœuds,
Pour être différés n'en sont pas moins heureux,
Et qu'on ne perd rien pour attendre….. » !
Ayant ainsi parlé le prince, jeune beau et valeureux comme il se doit,
doucement de la main les voiles arachnéens effaça, noblement se pencha puis,
la belle jeune fille ensommeillée embrassa.
Rien ne se passa, il recommença.
Hélas, toujours point de Hourra
Le prince déconcerté se releva. C’est alors que de la blonde chevelure de
l’endormie, un petit homme étrange émergea. En étirant ses bras, il bâilla :
- Ouaaaaah !!! Très chouette ce que tu as dit ! Très bien ! Dit-il
en se grattant l’occiput.
- Ce n’est pas de moi, c’est mon oncle Charles qui l’a écrit,
répondit le jeune homme contrarié, mais qui es tu ? Tu ne devrais pas être
là ! Ça, ce n’était pas prévu !
- Moi, je suis le génie de la lampe et toi tu es.. ?
- -Ben, le prince Charmant ! Sans blague ! D’où tu sors ?
- Ben de la lampe, je viens de te le dire. J’attends l’Ogre du fond
des bois de la forêt épaisse. Depuis que sa femme l’a quitté parce qu’il a
croqué ses filles, il boit ! Il ne dessaoule pas du matin au soir et il a
paumé ma lampe ! Donc il cherche, parce qu’il a besoin de moi , l’Ogre du
fond des bois de la forêt épaisse, il a un compte à régler avec Poucet qui
lui a fauché ses bottes.
Dis-donc toi, le prince Charmant, tu es en retard ! Tu va pas arriver à la
réveiller ta sirène là ! Il est cent ans passés maintenant ! T’aurais pu
faire un effort !
- Certes, mais je ne suis point fautif ! Justement Poucet ! parlons
en de celui-là !Je venais à peine de quitter Hansel et Gretel devant la
bonbonnière de la sorcière qu’il a fallu que je lui montre son chemin à lui
aussi ! Il était encore entrain de rentrer chez lui quand je l’ai rencontré,
on n’allait pas s’en sortir. Au moment de repartir j’ai été coincé par une
manifestation du loup. Il venait de se faire inculper pour le meurtre du
canard de Pierre alors qu’il venait juste de se sortir de l’histoire du
petit chaperon rouge et qu’il est toujours mit en examen dans l’affaire des
cochons ! Il a fallut négocier, ça a duré des lustres et je suis arrivé en
retard pour Blanche Neige.
- Elle avait déjà gobé la pomme ?
- Mais Non ! Le prince Ravissant était à l’heure, lui ! . Alors je
me suis dit : je vais voir peau d’âne. Mais dans les bois hantés, je me suis
perdu à cause d’une vieille folle qui maudissait le monde en crachant
vipères et couleuvres. En sortant des touffes de ronce j’ai rencontré le
chat botté qui m’a envoyé au château de Barbe Bleue. Dépêche-toi, me dit-il,
y’a le soleil qui poudroie et l’herbe qui verdoie et ta sœur Anne qui ne
voit rien venir commence à s’impatienter maintenant !
- Et tu es arrivé en retard ?
- Non Môssieu ! Pile poil. En repartant, je croise le carrosse de
Cendrillon qui venait de perdre une roue. Bon prince, je remets son essieu
en place, espérant un petit baiser pour récompense. Que nenni ! La voilà qui
repart très vite vers le prince Parfait ! Elle aussi, elle est un peu
stressée par la montre !
- Et peau d’âne ?
- Eh bien, après l’heure, ce n’est plus l’heure ! Elle avait épousé
le prince Délicieux
- T’as pas de chance avec les femmes toi !
- Tu n’imagine pas à quel point ! J’avais rencontré une princesse
tellement belle que, sur-le-champ je lui demande sa main. Ah oui ! Elle
était belle mais elle était tellement bête qu’elle a épousé Riquet à la
Houppe qui est laid comme un pou, Alors…. !
- Alors ta dernière chance, c’est Aurore ici présente, la belle
dormeuse qui ne s’éveille pas sous tes baisers fougueux !
- Si j’échoue encore une fois, je n’aurais plus qu’a revenir chez ma
mère l’ Oye, bredouille et piteux !Le prince Charmant, celui qui n’a pas
réussi…!
- Allez, point de noirs dessins, prince ! Je ne suis pas un mauvais
génie ! Je te donne une dernière chance ! Va embrasses-là encore une fois.
Et Charmant se penche. Ses lèvres impatientes se posent sur la bouche douce
de la belle qui ouvre enfin les yeux !
Hélas ! Se relevant, la belle somnolente découvre, après son long sommeil,
sur la soie fine du baldaquin doré, un crapaud.