Destination : 31 , Une saison Ailleurs


Un printemps en hiver

Comment sortir de l’hiver ?



Cécile ne rentre pas en automne comme on rentre en religion. Elle voudrait hiberner.

Le cycle des saisons lui plaît mais l’attriste. Il lui est interdit de le vivre. Elle désirerait pouvoir le suivre mais l’homo economicus l’en empêche !

Se lever quand le soleil se pointe et se coucher quand il la quitte… un plaisir qui n’est pas au programme.

Les heures sont les heures et le travail son gagne-pain.



Le plus terrible encore, ce n’est pas la descente aux enfers, vers le noir prolongé des nuits sans fin.

C’est… quand les jours s’allongent… Paradoxe lui direz-vous ! Non, A ce moment, ses réserves sont épuisées. Le pauvre mois de février, raboté de quelques jours n’en peu plus non plus. Les minutes de clarté, grappillées au soleil, sont étirées de toutes parts. Trop courtes ! Elle craque.

En cette période de l’année, seuls les microbes font la fête ! Facile !



En 2000, ce n’était pas différent !

Et pourtant… dans ces obscurités hivernales, un homme cherchait à la séduire.

Il avait traversé les saisons, l’avait vue en juin lors d’un jogging déguisé… et poursuivait sa quête contre vent et marée, contre automne et hiver.

Elle, elle se cramponnait aux petits bonheurs, aux habitudes rituelles des jours qui battaient la mesure de sa vie ; lui, emmitouflé, l’épiait au coin de la rue. Il fantasmait, imaginait qu’il entrait chez elle. Il se voyait blotti au coin du fauteuil, la tête sur ses genoux.



L’hiver fut rude, surtout pour lui. Les longues nuits, interminables.

Elle attendait le printemps.



Et puis un jour, sur le clavier, l’échange osé, dissimulé sous les prétextes d’une course, de l’organisation du covoiturage, de la mise en commun d’un trajet !

Espoir en plein hiver !



Commode de tomber en amour en été sous les odeurs de dame nature, mais dans la grisaille….

De celle que les lessives de l’âme ne savent enlever… et pourtant !



Coup de vent sur les braises. Le feu s’allume et dans la rigueur et laideur de la campagne dénudée, les follets s’attirent.



Des feuilles aux arbres à l’odeur de résine, des crêpes dans les assiettes, de la laine jusqu’au col. Il fait chaud et bon !



Sous l’édredon de plumes d’oie, des cris de joie.

Sur le miroir le reflet de l’amour, au chaud, en plein hiver.



Et depuis cet an de grâce, Cécile aime le petit mois de février…

Brigitte