Destination : 31 , Une saison Ailleurs


Mon paradis

Que m'arrive t'il ? Où suis-je ? J'ai soif, si soif…ma gorge me fait

mal !

Et ce soleil qui me brûle ! Que s'est-il passé ?

Ah oui je me souviens…. !

Nous faisions route vers les Caraïbes à bord du bateau de

croisière « La Sirène ». Tout se passait bien. La croisière avait

débuté cinq jours plus tôt. La mer était calme, le ciel clair, sans

un nuage à l'horizon, puis…au cours de la sixième nuit tout à basculé…

La mer a grossi, les nuages se sont amoncelés dans le ciel cachant la

lune…

Les sirènes du bateau se sont mises à sonner l'alerte, nous devions

rejoindre les canots de sauvetage.

Tout a été très vite. La panique nous a envahit. Les uns et les

autres nous courions vers les canots.

La dernière chose dont je me rappelle ; je montais à bord d'une de

ces petites embarcations. Nous étions serrés les uns près des

autres. Près de moi une femme priait….



Maintenant où suis-je ? Je me suis réveillée sur une plage, mon corps

envahit de douleurs. Autour de moi du sable, rien du sable. Je dus

m'asseoir un instant afin de reprendre mes esprits. Ma tête me

faisait mal…sans doute à cause du soleil…

Je ne voyais personne au alentour, pas même un canot de sauvetage.

Enfin je reprenais contrôle de mon corps. Il fallait que je trouve à

boire, ma gorge était sèche et j'en souffrais terriblement.

D'où j'étais, j'apercevais face à moi, des cocotiers, il y avait

d'autres arbres mais j'étais incapable de les identifier. Les arbres

exotiques n'ont jamais vraiment fait partie de mes passions. Sur ma

gauche, sur ma droite, le décor était le même, des arbres, du sable

et la mer à perte de vue.

Alors que je promenais mon regard alentour, il me sembla distinguer

quelque chose de différent.

Je décidais d'en avoir le cœur net. Peut être n'étais-je pas aussi

seule que semblait laisser croire mes premières impressions ?



Fausse joie ! Il ne s'agissait que d'un canot, vide. Il était arrivé

sur la plage, certes, mais il ne me serait d'aucun secours pour

partir d'ici.

Qu'allais-je faire ? Devrai-je survivre à la manière de Robinson

Crusoë ou de Tom Hanks ? C'était impossible ! Il devait bien y avoir

quelqu'un d'autre qui avait survécu à ce naufrage ? Nous étions au

moins une quinzaine de personnes sur ce canot !

Je devais savoir…et le meilleur moyen c'était de parcourir toute la

plage, et puis il me fallait trouver de l'eau, je n'en pouvais plus,

je mourrais de soif.

Nombreuses sont les personnes qui désirent un jour se retrouver

seules sur une île déserte…et bien j'aimerai bien les voir dans ma

peau à cet instant. Nus pieds sur du sable bouillant, les cheveux

collants, des grains de sable dans le moindre recoin du corps,

mourant de soif, le soleil brûlant la peau et les yeux. Ah oui !

J'aimerai savoir si après cela elles souhaiteraient encore y rester

sur leurs îles ?



Avant de partir à l'exploration de la plage, je décidais de me rendre

en direction des arbres. Là au moins j'éviterai, du moins je

l'espérai, un peu les morsures du soleil. L'endroit paraissait plus

frais !

Chaque pas étaient une torture pour mes jambes, mais qu'importe le

but a atteindre en valait la peine.

Je ne m'étais pas trompée, à l'ombre des arbres je retrouvai un peu

d'air et de bien être.

Je m'assis sous un arbre, je vérifiai auparavant s'il ne s'agissait

pas d'un cocotier…on ne sait jamais !

Je devais reprendre des forces, je ne savais combien de temps je

devrai marcher pour trouver, du moins je l'espérais un coin d'eau,

et, un ou des rescapés.

Perdue dans mes pensées, je songeai qu'après tout elles n'avaient

peut être pas tout à fait tort toutes ces personnes qui rêvent d'une

île déserte…

Tout n'était que calme, fraîcheur, verdure…et le chant des oiseaux.

Je me rendis compte soudain que je me sentais bien ici. Oui j'étais

bien ! Je pensais alors : « Si je trouve un coin d'eau, un endroit au

milieu de cette verdure où m'installer, j'apprendrai bien à survivre.

J'ai lu l'histoire de Robinson, j'ai vu le film de Tom Hanks…la

fiction viendra en aide à la réalité ! »



Je ne sais pas combien de kilomètres je dus marcher avant de trouver,

une petite cascade qui alimentait un point d'eau au cœur de ce que je

surnommais « ma forêt vierge ». Cette découverte fut pour moi un

instant de bonheur immense. Je bus encore et encore à en avoir le

ventre gonflé. L'eau était fraîche, elle semblait sortir tout droit

de la roche. A la sortie, elle formait une sorte de puits à ciel

ouvert. Je ne résistais pas à l'envie de m'y tremper les pieds.

C'était, on ne peut plus fabuleux !

Les pieds dans l'eau, je m'allongeais sur ce qui semblait être un

mélange de sable et de terre. Je finis par m'endormir.



Lorsque je me réveillais le soleil disparaissait à l'horizon. Avant

que la nuit n'envahisse totalement l'endroit je devais redescendre

sur la plage. A ma grande surprise, je fus rapidement à découvert.

L'île n'était peut être pas si grande que cela après tout !

J'avais repris des forces, la soif ne me tenaillait plus, pourtant je

me sentais encore un peu faible. Je me souvins alors que je n'avais

toujours rien mangé.

Il y avait bien des noix de coco partout sur la plage, mais comment

les ouvrir. J'avais aperçu des arbres avec des fruits qui m'étaient

totalement inconnus, qu'importe, je devais me mettre quelque chose

sous la dent. Alors que je recherchais les arbres pouvant me nourrir,

je faillis rentrer dans un bananier. J'étais sauvée, du moins pour ce

soir. Je mangeais donc des bananes, ainsi que d'autres fruits

délicieux, doucement sucrés.

Oui, tout compte fait, je ne serai peut être pas si mal ici. Avec un

peu d'organisation, je vivrai fort bien. J'avais de l'eau, des

fruits, la mer devait sûrement regorger de poissons, de crabes et

autres fruits de mer, alors que demander de plus.

J'avais trouvé mon île déserte, enfin plutôt elle m'avait recueilli.

Je supposais qu'elle était déserte, car je n'avais rencontré, ni

entendu personne.

Perdue dans mes pensées je finissais mon repas de fruits. Après tout

j'aurai bien le temps de songer à tout cela demain.

Je tombais de sommeil, je décidais de m'installer une couche dans la

forêt afin de ne pas souffrir du soleil à mon réveil demain matin. A

peine allongée je m'endormis aussitôt.



Je dormais profondément lorsque je me sentis secouer :

- « Réveille-toi. Oh ! Réveille-toi »

Une voix demandait :

- « Comment va t'elle ? »

- « Je ne saurai le dire. En apparence tout semble aller bien. »

- « Pourquoi elle ne se réveille pas alors ? »

Me réveiller, pourquoi voulait-on que je me réveille, le jour n'était

pas encore levé ?

- « Sa tension est normale, son cœur aussi… je ne comprends pas

ce qu'il se passe ? »

- « Nous allons brancher le monitoring et la laisser sous

surveillance »

- « Combien de temps va t'elle rester ainsi Docteur ? »

- «Personne ne peut le dire ! »



Je me rendormis, tranquillement, à l'abri sous mon arbre. J'avais

enfin trouvé mon paradis…

Karine