Destination : 86 , Droit dans le mur !
dans mon mur
Dans mon mur
Dans mon mur, il y a de bonnes fondations, invisibles ;
Il y a d'innombrables pierres, arrosées de chaux , de ciment, sûrement,
Et aussi de pleurs. -larmes collantes et salées, cela soude !-
Mais on ne le sait pas.
Ou cela rend certains acerbes, caustiques, surtout ne pas mémoriser.
Dans mon mur il y a de nombreux moments de joie, bien solides,
Des sourires, des regards , de très jolis regards !.
Certains furent vides, méchants, vindicatifs, exclusifs,
D'autres assassins, mais d'aucuns aussi tendres que compréhensifs,
Que ceux-là ressemblent à des pierres précieuses et rares au noms exotiques.
A des prières aussi, afin de ne pas laisser mon mur s'écrouler ;
Elles sont restées bien scellées, et parfois je les vois scintiller au soleil,
Surtout au printemps, ou les soirs d'insomnie,
Lorsque mes yeux s'accrochent aux étoiles.
Des coups de boutoir, j'en ai eu sur toute sa longueur.
On m'a dit que cela forgeait le caractère.
Moi, ça m'a démolit des pans entiers de ma vie !
Mais on ne demande pas un mur de s'expliquer ?
Alors je l'imagine parfois avec ses trous, ses moellons menaçant de s'ébouler,
Ses lézards tranquilles qui y flemmardent,
Ses herbes folles poussées au hasard des graines enracinées, si variées,
Je le trouve hors du temps, faut-il écrire désuet ?
peut-être un peu décati, mais coquet,
et plein de vie.
Au pied de mon mur, il y a quelques tombes.
Elles sont jolies.
Là reposent des êtres aimés, de ceux qui m'ont précédée, jeunes et vieux.
Ils contribuent finalement à la tranquilité des lieux.
Cela, j'ai mis du temps à l'entendre !
Cette qualité de paix et de silence .merveilleux !
Mon mur est un espace immense entre terre et ciel sur lequel serpenter, s'asseoir, s'accouder, se reposer, s'isoler pour mieux se retrouver ;
Il n'a jamais rien séparé d'irrémédiable,
Il m'a bien protégée.
O toi mon mur, je t'en remercie.
