Destination : 4 , Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part.


Si seulement il revenait

Souvent , je fais ce rêve, un petit garçon, le mien, en allant le réveiller pour l'école, je le trouve debout, déjà habillé, ses affaires mises de travers, je lui caresse la tête, le déchausse, il me regarde faire, trop sérieux pour son âge:
-Maman , je ne saurai jamais reconnaitre le pied droit du pied gauche.
Je lui souris:
Tu es si jeune, bientôt, tu sauras le faire

-Quand? Quand serai-je grand maman? Il me tarde tellement d'être comme
toi et papa.
-Patience petit, tout viendra si vite, tu verras.
Peu convaincu, il me laisse le rhabiller.

Toujours, je me réveille en sursaut, le cherchant, à mes cotés. Froide, est cette place vide, raide le drap, pas un pli .
Encore endormie, je ne comprends pas, je fais un effort de réflexion, il est quelle heure? Quel jour?
Petit à petit je retrouve mes esprits, ma mémoire, ma douleur.
Je ferme les yeux, regrette de m'être réveillée, essaie de reprendre mon rêve là où je l'ai laissé : revoir ce petit visage, le caresser, prendre le corps frèle tout contre moi, le rassurer. Pourquoi se réveiller, affronter la réalité de tous les jours, faire ces gestes si naturels, si faciles autrefois, si astreignants aujourd'hui?
Je ne peux commencer la journée que lentement, trés lentement: Relever l'oreiller, m'asseoir sur le lit, prendre le temps de m'installer dans le présent, dans la lumière du jour qui inonde ma chambre malgré moi.
Pourquoi la nuit est-elle si courte, pourquoi ne dure-t elle pas indéfiniment, tout est si simple la nuit, elle m'est confortable, elle va à mon corps , elle me protège, elle me repose de toutes les turbulences qui m'ont assaillie tout d'un coup, qui m'ont sortie de ma langueur, de la routine que je trouvais si pesante et que je regrette aujourd'hui, elle était rassurante, protectrice, hier identique à demain, identique à tous les jours sauf à ce jour-là, à cette nuit-là.
Les souvenirs envahissent ma tête malgré moi,les remords me reprennent:
trop préoccupée par mes problèmes, je n'ai pas vu la fièvre venir, l'envahir, l'emporter.
Il a dû m'appeller en cette nuit où il n'a eu d' autre compagnon que ce petit ours qu'il m'a laissé en cadeau, tout parfumé de son odeur, il a dû attendre patiemment la fin de la dispute, la fin de la nuit, il savait que je viendrai car je le savais malheureux en ces moments mais personne n'est venu. Alors, il a fermé ses yeux qui ont longtemps résisté au sommeil, à la fièvre et laissa son esprit voyager vers un bonheur qui serait sien mais si loin de nous.
Je voulais en faire un enfant heureux, je voulais que son rire remplisse ma vie, moi qui n'ai pas tellement ri. Si seulement il revenait comme dans le rêve, si seulement il était encore là à m'attendre comme cette nuit où je n'ai pas entendu ses pleurs.

Ameline