Destination : 282 , Vive la différence


Défendons nos Articles !

A nos chers concitoyens, chères concitoyennes,

A les amoureux des valeurs fièrement portées par la France,



Notre pays se doit de défendre la égalité des droits de chaque un de ses membres, le plus humble que il soit. Mais cette belle aspiration, défendue avec tant de acharnement dans bien des domaines, est complètement occultée dès lors que il se agit de notre langue. Il est en effet inadmissible de réduire certains déterminants, de les contracter impunément à le prétexte de une facilité de lecture ou de élocution. Ce est comme si on les réduisait à une partie tronquée de eux-même. Mais ce est fini maintenant ! Adieu les apostrophes : reconnaissons à chaque article le droit de exister dans son identité pleine et entière.



Conformément à le texte de la loi (le article 815-25 et suivants), paru ce jeudi 27 septembre à le Journal Officiel, il faudra donc désormais se exprimer ainsi :



- Passez-moi de le sel pour le ajouter dans la soupe.

- Je vais prendre le avion pour la Australie.

- Je ai très faim ! Quand est-ce que on mange ?

- Je ai fait de la escalade pendant les vacances à le Japon.

- Je aime la glace à le chocolat mais pas à le abricot.



A ce titre, il est recommandé de enseigner les principes de cette loi dès la école maternelle et jusqu’à le lycée. Ne hésitons pas à réécrire, si besoin, les œuvres des plus grands auteurs pour faciliter la acquisition et la normalisation de cette règle :



« Une Grenouille vit un Bœuf,

Qui lui sembla de belle taille.

Elle qui ne était pas grosse en tout comme un œuf,

Envieuse se étend, et se enfle et se travaille,

Pour égaler le animal en grosseur ;

Disant : Regardez bien, ma sœur,

Est-ce assez ? Dites-moi ? Ne y suis-je point encore ?

Nenni. Me y voici donc ? Point du tout. Me y voilà ?

Vous ne en approchez point. La chétive pécore

Se enfla si bien que elle creva.

Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages :

Tout Bourgeois veut bâtir comme les grands Seigneurs ;

Tout petit Prince a des Ambassadeurs :

Tout Marquis veut avoir des Pages. »

La Fontaine, Fables, Livre I « La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf », 1668.



« Le homme ne est que un roseau, le plus faible de la nature, mais ce est un roseau pensant. Il ne faut pas que le univers entier se arme pour le écraser ; une vapeur, une goutte de eau suffit pour le tuer. Mais, quand le univers le écraserait, le homme serait encore plus noble que ce qui le tue puisque il sait que il meurt et le avantage que le univers a sur lui ; le univers ne en sait rien"»

Pascal, Pensées, 1670.



« Le spectacle était épouvantable et charmant. Gavroche, fusillé, taquinait la fusillade. Il avait le air de se amuser beaucoup. Ce était le moineau becquetant les chasseurs. Il répondait à chaque décharge par un couplet. On le visait sans cesse, on le manquait toujours. Les gardes nationaux et les soldats riaient en le ajustant. […] Les insurgés, haletants de anxiété, le suivaient des yeux. La barricade tremblait ; lui, il chantait. Ce ne était pas un enfant, ce ne était pas un homme ; ce était un étrange gamin fée. Les balles couraient après lui, lui, il était plus leste qu'elles. […] Une balle pourtant, mieux ajustée ou plus traître que les autres, finit par atteindre le enfant feu follet. On vit Gavroche chanceler, puis il se affaissa. Toute la barricade poussa un cri ; mais […] Gavroche ne était tombé que pour se redresser ; il resta assis sur son séant, un long filet de sang rayait son visage, il éleva ses deux bras en le air, regarda du côté de où était venu le coup, et se mit à chanter : « Je suis tombé par terre, C'est la faute à Voltaire, Le nez dans le ruisseau, C'est la faute à... » Il ne acheva point. Une seconde balle du même tireur le arrêta court. Cette fois il se abattit la face contre le pavé, et ne remua plus. Cette petite grande âme venait de se envoler. »

Victor Hugo, Les Misérables, 1862.





La compréhension et le usage de cette règle devrait se faire assez rapidement mais nous envisageons cependant une plus grande difficulté chez les plus anciens, habitués depuis de longues années à une expression réductrice et injuste. Les journaux, les radios, les programmes télé, les annonces publicitaires des supermarchés, des gares et aéroports, tout ce qui relève de le domaine public, devront donc également se efforcer de appliquer cette règle, dans un délai de trois mois.



« Bienvenue à bord de le train n° 6710, en provenance de Agen et à destination de Avignon. Ce train desservira les gares de Carcassonne, Narbonne, Montpellier et Béziers. Attention à la fermeture des portes. Le espace restauration est disponible à bord de ce train, à le niveau du wagon 8. Si vous ne avez pas composté votre ticket de transport avant de monter, merci de en informer immédiatement le contrôleur. Nous vous souhaitons un agréable voyage. »



« Attention ! La opération promotionnelle continue à le rayon boucherie : 10€ le kilo de côtelettes de agneau, 10 € le kilo de bavette de aloyau, 10 € le kilo de le rôti de bœuf ! »



« Et maintenant, une page météo avec Evelyne D. : Le été sera à le rendez-vous demain, avec un grand soleil à le sud de la France et des températures caniculaires à le nord, malgré quelques nuages et de le vent qui soufflera à 60 kilomètres heure par endroits. Le soleil se lèvera à le matin et se couchera à le soir, et nous fêterons la Saint Glin Glin ».



- Robert ?

- Oui, Agatha ?

- Il faut que je te avoue quelque chose… un secret que je porte à le profond de mon cœur, depuis tant d’années…

- Agatha tu me effraies… que se passe-te-il ? Ce est si grave ?

- Oui, Robert, si tu savais comme je ai honte de ne te avoir rien dit avant…

- Parle Agatha, je te en supplie !!!

- Et bien voilà, Robert, ton fils, Robert junior, ne est pas ton fils.

- Comment ?!?

- Et… ce est même plus grave… je ne suis pas sa mère puisque… je suis un homme.

- Donc…. ce est toi son père ???

- Heu… oui…

- Mais alors, ce est qui la mère de Robert junior ?

[extrait du feuilleton « les feux de le amour », corrigé par la équipe spécialiste]





Enfin, à partir de le 1er janvier 2019, une amende de 90€ sera appliquée à tous les contrevenants pris en flagrant délit de contraction de article.



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28 septembre 2018 : Pétition sur AVAST « Sauvons les apostrophes d’une disparition programmée ! Au nom de la diversité des espèces et de la liberté des expressions, sauvons les apostrophes ! Engagez-vous et récoltons un maximum de signatures pour dénoncer cette loi régressiste et totalitariste ! Vive les apostrophes libres ! »

Myriam