Destination : 43 , Avril de poisson !


1er Avril 1985

Les deux fillettes avaient préparé soigneusement leur coup à l’avance. A 10 et 9 ans, elles voulaient montrer qu’elles avaient passé l’âge des blagues enfantines et trop grosses pour être crues. Il n’était plus question d’essayer de faire croire à leur mère qu’elles avaient cassé son vase préféré ou à leur père qu’il avait gagné au loto. Dans le premier cas, elles avaient commencé par se faire gronder avant de pouvoir dire que ce n’était pas vrai et la seconde avait tourné court puisque son père ne jouait jamais. Mais cette année, tout serait différent !

Elles avaient d’abord choisi la cible. Pas leur petite sœur, parce qu’à 3 ans à peine, il était tellement facile de lui faire croire ce qu’on voulait qu’il n’y avait pas véritablement d’enjeu. Pas leurs parents, non, ils s’y attendaient trop maintenant. Restait la grand-mère, choix intéressant car, du fait de son âge, elle se montrait généralement assez crédule.

Il fallait maintenant trouver le sujet. Plusieurs thèmes avaient été proposés par l’une ou l’autre des gamines. Elles avaient un temps pensé lui raconter qu’on avait annoncé, à la télé, la découverte d’un nouvel animal sauvage à la campagne. Tout était prêt, la description précise (marchant sur deux pattes, des oreilles pointues, une queue ébouriffée, un petit corps poilu) ; les habitudes de vie (dormait la journée ce qui expliquait qu’on ait mis du temps à le découvrir, ne mangeait que des fruits et des feuilles) et son caractère (plutôt gentil sauf si on le mouillait, alors là il devenait extrêmement méchant). Cette description était directement inspirée par le film « Gremlins » qu’elles venaient de voir… ce qui n’était évidemment pas le cas de la grand-mère !

Mais, une semaine avant la date fatidique, une idée géniale germât dans l’esprit de la cadette. La grand-mère venait de faire une chute et, pour quelques semaines, ne pouvait plus se déplacer et s’occuper du jardin et du poulailler comme à l’accoutumée. Malgré ses protestations véhémentes, elle avait dû laisser la place à sa belle-fille qui, bien sûr, ne faisait pas les choses comme il fallait (et surtout comme elle, elle le voulait !). Et comme chacun sait, l’occasion faisant le larron, les drôlettes eurent tôt fait de revoir leur plan en utilisant le comique de la situation.

Elles durent patienter encore quelques jours mais ne purent s’empêcher, chaque fois qu’elles croisaient la grand-mère, de pouffer ou de ricaner, anticipant de l’effet de leur farce. La grand-mère trouvait ça très moyen, se demandant, à force, si ces vauriennes ne se moquaient pas tout simplement d’elle !

Enfin, le grand jour arriva. Les filles se levèrent et firent mine d’aller déjeuner, comme d’habitude. Mais quand leur mère rentra du jardin, elles se précipitèrent chez la grand-mère en s’écriant : « Mamie, mamie… Le renard est venu cette nuit dans le poulailler et il a mangé toutes les poules ». Sans attendre leur reste, elles s’enfuirent en courant et pleurant de rire, avant de revenir, cinq minutes plus tard : « Poisson d’Avril m Les deux fillettes avaient préparé soigneusement leur coup à l’avance. A 9 et 10 ans, elles voulaient montrer qu’elles avaient passé l’âge des blagues enfantines et trop grosses pour être crues. Il n’était plus question d’essayer de faire croire à leur mère qu’elles avaient cassé son vase préféré ou à leur père qu’il avait gagné au loto. Dans le premier cas, elles avaient commencé par se faire gronder avant de pouvoir dire que c’était une farce et la seconde avait tourné court puisque son père ne jouait jamais. Alors cette année, tout serait différent !

Elles avaient d’abord choisi la cible. Pas leur petite sœur, parce qu’à 3 ans à peine, il était tellement facile de lui faire croire ce qu’on voulait qu’il n’y avait pas véritablement d’enjeu. Pas leurs parents, non, ils s’y attendaient trop maintenant. Restait la grand-mère, choix intéressant car, du fait de son âge, elle se montrait généralement assez crédule.

Il fallait maintenant trouver le sujet. Plusieurs thèmes avaient été proposés par l’une ou l’autre des gamines. Elles avaient un temps pensé lui raconter qu’on avait annoncé, à la télé, la découverte d’un nouvel animal sauvage à la campagne. Tout était prêt, la description précise (marchant sur deux pattes, des oreilles pointues, une queue ébouriffée, un petit corps poilu) ; les habitudes de vie (dormait la journée ce qui expliquait qu’on ait mis du temps à le découvrir, ne mangeait que des fruits et des feuilles) et son caractère (plutôt gentil sauf si on le mouillait, alors là il devenait extrêmement méchant). Cette description était directement inspirée par le film « Gremlins » qu’elles venaient de voir… ce qui n’était évidemment pas le cas de la grand-mère !

Mais, une semaine avant la date fatidique, une idée géniale germât dans l’esprit de la cadette. La grand-mère venait de faire une chute et, pour quelques semaines, ne pouvait plus se déplacer ni s’occuper du jardin et du poulailler comme à l’accoutumée. Malgré ses protestations véhémentes, elle avait dû laisser la place à sa belle-fille qui, bien sûr, ne faisait pas les choses comme il fallait (et surtout comme elle, elle le voulait !). Et chacun sait que, l’occasion faisant le larron, les drôlettes eurent tôt fait de revoir leur plan en utilisant le comique de la situation.

Elles durent patienter encore quelques jours mais ne purent s’empêcher, chaque fois qu’elles croisaient la grand-mère, de pouffer ou de ricaner, anticipant de l’effet de leur farce. La grand-mère trouvait ça très moyen, se demandant, à force, si ces vauriennes ne se moquaient pas tout simplement d’elle !

Enfin, le grand jour arriva. Les filles se levèrent et firent mine d’aller déjeuner, comme d’habitude. Mais quand leur mère rentra du jardin, elles se précipitèrent chez la grand-mère en s’écriant : « Mamie, mamie… Le renard est venu cette nuit dans le poulailler et il a mangé toutes les poules ». Sans attendre leur reste, elles s’enfuirent en courant et pleurant de rire, avant de revenir, cinq minutes plus tard : « Poisson d’Avril mamie ! ».

Myriam