Destination : 128 , Lierre au texte


Personne ne sort d'ici vivant

She lives on Love Street

Lingers long on Love Street

She has a house and garden

I would like to see what happens

She has robes and she has monkeys

Lazy diamond studded flunkies

She has wisdom and knows what to do

She has me and she has you



Pam émerge lourdement de son sommeil plombé.

Sa tête est prête à exploser et, quand elle tente de la soulever pour se tourner et chercher son compagnon du regard, elle ne peut réprimer une grimace de douleur. Elle tend le bras en travers du lit mais, à ses côtés, la place est vide.



Elle ouvre les yeux. Son regard devine plus qu’il ne voit les détails de la chambre du luxueux hôtel parisien dans lequel ils vivent depuis plusieurs semaines. Sur le sol, elle saisit le contour d’une bouteille de bourbon dont l’étiquette lui est familière, lettres d’argent sur fond noir : Jack Daniel’s… La bouteille est couchée sur le flanc, vidée de son contenu … combien y-en-a-t-il eu avant celle-là ?



Show me the way

To the next whisky bar

Oh, don't ask why

Oh, don't ask why

For if we don't find

The next whisky bar

I tell you we must die

I tell you we must die

I tell you, I tell you

I tell you we must die



Son cerveau brumeux essaie tant bien que mal de remettre de l’ordre dans les évènements de la soirée…. Le bar, le resto copieusement arrosés de whisky, vodka et vin rouge…puis la boîte où ils ont retrouvé le marquis, son ami français qui leur a donné la poudre dont elle avait besoin … un produit d’une rare qualité… cette pensée la fait saliver tandis qu’un frisson parcours son corps nu et à moitié couvert par les draps de soie. Enfin, le retour vers la chambre, peu après minuit… ils ont dansé et écouté sa musique en prenant un premier verre, un peu de poudre, un autre verre, un peu de poudre, encore un verre, une peu de poudre … black out…



Plus tard dans la nuit, il s’est levé et quand elle lui a demandé où il allait, il a répondu qu’il se faisait couler un bain parce qu’il ne se sentait pas très bien… Trop d’alcool, encore une fois… dans un demi-sommeil, elle l’a entendu vomir pendant que l’eau remplissait la baignoire … black out …



Let's swim to the moon, uh huh

Let's climb through the tide

Penetrate the evenin' that the

City sleeps to hide

Let's swim out tonight, love

It's our turn to try

Parked beside the ocean

On our moonlight drive



Plus tard encore, elle s’est réveillée en sursaut … il l’appelait : « es-tu toujours là ? » …

Elle a tenté de se lever mais son corps refusait d’obéir… black out…



People are strange when you're a stranger

Faces look ugly when you're alone

Women seem wicked when you're unwanted

Streets are uneven when you're down

When you're strange

Faces come out of the rain

When you're strange

No one remembers your name

When you're strange

When you're strange

When you're strange





Là, soudain, maintenant, brutalement l’angoisse l’étreint…

La chambre est incroyablement silencieuse et ce silence lui tord le ventre…

où est-il ? Elle l’appelle : une fois, deux fois mais il ne répond pas… elle soulève sa tête et regarde le réveil posé sur la commode de marbre, il indique à peine huit heure. Elle a du mal à croire qu’il soit sorti prendre l’air : la quantité de drogue et d’alcool consommée depuis la veille au matin et jusque tard dans la nuit ne le lui permettrait pas…elle s’assoit lourdement sur le rebord du lit, puis se lève en titubant pour se diriger vers la salle de bain.



La porte est entrouverte, elle entre.

Il est là, allongé dans la baignoire d’eau froide.

Sa tête est renversée en arrière, ses yeux grands ouverts. Il ne la voit pas.

Elle se laisse glisser contre la faïence glacée et, saisissant le bras qui retombe mollement, elle colle ses lèvres contre la peau déjà froide…

Elle prononce un mot, un seul, d’une voix presqu’inaudible : « … Jim… » .



Quelques heures plus tard, la nouvelle est officielle : à 27 ans, le roi Lézard est devenu une légende.



This is the end, beautiful friend

This is the end, my only friend, the end

Of our elaborate plans, the end

Of everything that stands, the end

No safety or surprise, the end

I'll never look into your eyes...again

Can you picture what will be

So limitless and free

Desperately in need...of some...stranger's hand

In a...desperate land ?





Paris, 3 juillet 1971.

Myriam