Destination : 73 , Chronique d'une fin annoncée.
Jeu, Set et Match
Elle n’eut pas le temps de se mettre à l’abri, ni d’attraper la main que son amie lui tendait : une balle sifflante la faucha en pleine course.
Depuis toute petite, Alicia aimait le Sport. Avec un « S » majuscule. Ou, pour être plus précise, tous les sports. Avec ses meilleures amies, Lucile et Zoé, elles faisaient du volley, de l’athlétisme, du ski en hiver et de la natation aux beaux jours.
L’été de ses quatorze ans, Alicia demanda à ses parents de l’inscrire à une colonie de surf, sur la côte Atlantique. Après d’âpres négociations, eu vu du prix du séjour, et parce qu’elle venait d’obtenir son brevet avec une mention très bien, cela fut accepté.
Inévitablement, ce nouveau sport lui plut tout autant que les précédents. Et l’année suivante, elle demanda à y retourner, ce qui fut accepté.
Deux ans plus tard, cependant, ses amies lui proposèrent de changer et de participer avec elles à un stage d’initiation au tennis, qui se déroulait au pied des Pyrénées. La jeune fille hésita quelques semaines puis se décida à suivre ses amies dans cette nouvelle aventure.
Elles se retrouvèrent avec un groupe de jeunes de leur âge, qui furent tous répartis en trois groupes : joueurs débutants, pratiquants, confirmés.
Il s’agissait de la première expérience pour nos trois amies qui se retrouvèrent donc dans le premier groupe. Leur professeur était un ancien joueur de tennis, autrefois vedette locale et brièvement grand espoir du club de la région. Mais aujourd’hui, sa silhouette arrondie laissait deviner qu’il avait depuis longtemps échangé ses chaussures de sport contre une paire de chaussons…
Et en effet, il planta rapidement ses élèves devant un lanceur de balles automatique, tandis qu’il allait au bar, discuter avec ses amis devant une bière bien fraîche.
La machine, réglée à sa vitesse minimale, lançait donc ses balles aux joueurs, sur un rythme régulier… qui s’avéra vite ennuyeux à mourir pour nos trois sportives aguerries !
Ne voyant pas leur professeur revenir, au bout d’une heure et demie, Lucile proposa d’augmenter la cadence : cette machine ne devait pas être plus complexe à utiliser qu’un téléphone portable dernière génération !
Que se passa-t-il ? Difficile de le savoir avec exactitude mais, à peine la jeune fille eut-elle appuyé sur un bouton (un peu au hasard, il est vrai) que la machine s’emballa, lançant des balles à une vitesse vertigineuse vers Zoé et Alicia, restées en face sur le court…