Destination : 175 , Cher atelier


Lettre aux Saisons

D’aucun disent que vous n’existez plus,

Que votre valse lente, a lentement disparu

Qu’il pleut toujours ou trop, ou pas assez,

Qu’il fait chaud en hiver, qu’on frissonne en été.

Et pourtant je crois qu’il suffirait de si peu :

Ouvrir son cœur en même temps que ses yeux,

Pour percevoir les chants qui vous animent soudain

Et emplir nos sens de vos innombrables parfums.



Printemps, tu te fais clair et verdoyant,

Entre pluies battantes et soleils éclatants.

Tu enivres mes sens d’entêtantes fragrances

Que ton cortège fleuri généreusement dispense :

Jonquille d’or qui illumine les champs,

Discrète violette, tapie dans les sous-bois,

Rose des jardins et chèvrefeuille odorant,

Cerisier blanc de fleurs malgré quelques frimas.



Eté, ton bel azur radieux m’interpelle,

En des siestes alanguies sous la glycine en fleur.

Bercée par le bourdonnement des abeilles au labeur

Dans les gais tournesols parfumant leur miel.

Ton astre resplendit et colore tes plus beaux fruits :

Melons, pêches, abricots… et les joues des enfants !

Mais parfois, trop lourd de soleil, ton ciel s’assombrit

De nuages noirs qui éclatent en orages violents.



Automne, tes belles journées m’invitent

A de longues promenades dans tes forêts rousses et or

Pour y découvrir et ramasser tes savoureux trésors :

Mures gorgées de sucre, champignons et châtaignes.

Les matins sont plus frais et les brumes s’éveillent,

Sur la terre brune des champs récemment labourés.

Les nuits allongent imperceptiblement leur durée,

Nous incitant doucement à nous mettre en sommeil.



Hiver, quand tu es là, je me recroqueville,

Au coin du feu pour attendre la fin de ton silence.

Tout est prétexte alors pour oublier ta présence :

Galettes et crêpes gourmandes à la saveur de vanille.

C’est pourtant toi qui prépare, sans jamais t’en vanter

L’avènement du printemps et du prochain été.

Sous ton manteau de neige tu offres un repos mérité

A Dame Nature qui bientôt devra se réveiller.



Au-delà de vos rythmes, repères du temps qui passe,

De vos nombreux caprices qui parfois nous agacent,

Vous êtes toujours là, et en bien d’autres endroits,

Qu’un cœur attentif et patient sans peine perçoit :

Dans les éclats de rire d’un enfant, je reconnais le printemps ;

Dans un baiser fougueux d’amoureux, c’est la chaleur de l’été ;

Dans la fierté du geste accompli sans faille, l’automne et sa sérénité ;

Dans la tristesse d’un cœur loin des siens, le froid de l’hiver mordant …

Myriam