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Ce bon docteur Freud va se retourner dans sa tombe...

Si je devais résumer la situation de façon binaire, je dirai même simplifier les choses de façon radicale, je dirai qu’il existe, dans le fond, seulement deux sortes de personnes. Les économes et les dépensières.

Ainsi Freud avait, dès les années 1800, dans son cabinet de psychanalyse Viennois (comme le chocolat ou le café qui, comme chacun sait, ont tous les deux un haut pouvoir de stimulation ou de rétention)… je disais donc que Freud avait très vite fait le lien entre les deux approches, notant au passage que l’acquisition de la propreté chez le tout-petit avait une incidence sur son comportement futur, particulièrement vis-à-vis de l’argent (et des relations amoureuses qui sont parfois, il est vrai, une véritable cacophonie…). Très inspiré (c’était aussi un grand poète), il avait nommé cette période le « stade anal », mais je vous fais grâce des milles et une particularité de ce stade de développement pourtant nécessaire et primordial pour la suite des évènements et la satisfaction de nos besoins primaires.

Mais reprenons le fil de notre cheminement afin de ne pas nous perdre dans des digressions digestives rébarbatives qui ne serviraient qu’à nous tordre les boyaux. Or gardons à l’esprit que la route intestine est longue et sinueuse… je disais donc pour démarrer notre réflexion, qu’il n’existait que deux types de personnes : les économes et les dépensières. Evidemment, chacune de ces personnalités se décline en des niveaux divers.

Commençons par les économes. De nature plutôt réservée, ils n’aiment pas multiplier inutilement les allées et venues. Ils préfèrent prendre leur temps pour se décider et, quand ils sentent que le moment approche, ils vont au cabinet (de travail, évidemment). Peu importe le temps qu’ils y restent, d’ailleurs, ils prévoient très fréquemment une activité annexe, comme la lecture d’un journal ou la résolution d’une grille de mots croisés. Pour eux, il n’y a pas de temps perdu : il faut rentabiliser au maximum les affaires. Ils favorisent le contrôle pour mieux maitriser leur vie. Parmi les économes, nous trouvons deux sous-catégories : les ultra-conservateurs et les modérés. Les modérés restent dans une certaine souplesse, acceptant de déroger parfois à leurs habitudes pour pallier un éventuel excès. Les ultras, au contraire, vont tout mettre en œuvre pour ne jamais mettre en péril cette organisation interne primordiale.

Les dépensiers ensuite. Ils sont de nature plus expansive, plus bonhomme. Chez eux, pas de notion de temps perdu ou de rentabilité : le bien-être interne prime sur le reste. Ils vont donc laisser leur corps trouver son rythme et répondre aux sollicitations dès qu’elles apparaissent. Chez eux, l’affaire est rondement menée, ils sont les adeptes du « vite fait, bien fait » et moins regardant sur le confort environnant. Ils ne considèrent pas le cabinet comme un lieu où l’on reste, mais bien comme un endroit où l’on ne fait que passer (et le moins longtemps possible). Chez les dépensiers, on retrouve également deux sous-catégories : les anarchistes et les épicuriens. Les premiers vont être dans une relation extrême avec la fonction défécatrice qu’ils refusent par ailleurs de reconnaitre : « ni Dieu, ni maitre » et ils ne vont pas se laisser emmerder par ça ! Ainsi, peu importe le moment, le lieu, la situation : ils passent à l’action sans tergiverser. Les épicuriens sont eux, plus détendus : « ça vient quand ça vient et comme ça vient, et basta ! », tout en ayant à cœur de respecter une certaine bienséance, en vue de maintenir des relations cordiales voire chaleureuses avec leur entourage.

Évidemment, reste les situations extrêmes qui peuvent entrainer, à plus ou moins long terme, de graves troubles digestifs mais aussi de la personnalité. La rétention pure et dure ou, son contraire, l’épanchement explosif, se révèlent dangereux pour la santé physique et mentale de l’individu. Il est donc non seulement nécessaire d’en traiter les symptômes, le plus tôt possible dès leur apparition, mais aussi et surtout d’en découvrir les causes afin d’éviter tout risque de rechute ou de récidive. N’oublions pas en effet, une chose essentielle que ce bon docteur Freud lui-même n’avait pas imaginé un seul instant : notre ventre est un deuxième cerveau, le centre de nos émotions, et peuplé d’une faune et d’une flore aussi diverses qu’il y a d’individus. Chaque dérangement doit donc être entendu comme un message que le corps nous adresse et que nous devons essayer de comprendre. Ainsi, le caca deviendrait le premier signe de lecture de notre état de santé…

Myriam