Destination : 176 , Destination durable


Encore une fois, j'étais en retard...

Pour une fois, j’aurais voulu avoir quelques jours d’avance…

Certains disaient que cela faisait partie de mon charme et de mon originalité, tandis que d’autres esprits chagrins protestaient en avançant que la situation était trop grave pour plaisanter avec l’avenir de cette planète. Mais ma difficulté chronique (presqu’une maladie) à ne jamais arriver aux faits, quelle que soit la destination, commençait à m’agacer durablement. J’en avais assez d’être la cible de moqueries (même gentiment) et d’imitations plus ou moins amusantes … j’avais envie de dire « Stop ! On ne rigole plus… » D’autant que pour moi, la vraie urgence était d’honorer mes qualités de citoyen responsable, sans m’écarter de mon itinéraire, qui passait inévitablement par l’arbre creux que j’apercevais un peu plus loin au fond de ce jardin.

J’avais dans la poche de mon gilet la lettre de sa majesté, reçue quatorze mois plus tôt, et les seize mots de son texte ne m’avaient guère laissé le temps de trouver une idée, même la plus banale ; encore moins le loisir d’en recycler une ancienne par souci d’économie !

« Trouvez-moi une multitude de roses rouges pour ma partie de croquet. Soyez à l’heure !»

Ce n’était certainement pas une suggestion ! Le jeu en valait la chandelle et s’arrêterait là pour moi si je ne réussissais pas. Même si la contrainte était suffisamment difficile, j’étais bien obligé de relever le défi si je ne voulais pas rejoindre le fabuleux bestiaire des têtes coupées !

J’ai donc parcouru le monde pour réaliser ce challenge. Commençant par l’Afrique, j’ai traversé tous les déserts du continent en espérant y trouver la rose d’un petit prince. Hélas ! J’y rencontrais un certain Antoine qui m’apprit sa disparition. Il m’embarquât dans son coucou pour une traversée de l’Atlantique qui m’amena jusqu’à New-York. Sans grande surprise, les seules roses que j’aperçus furent celles qui, mêlées aux feuilles de lierre, ornaient les murs de la chambre.

A défaut d’avoir réussi à satisfaire le cahier des charges, il était indispensable que je me force pour avancer. Le terme de ma mission approchant dangereusement, je me résignais donc à faire le retour jusqu’à Londres, sur l’île d’Angleterre. J’étais bien conscient que cette destination serait peut-être ma dernière, à moins qu’un Dieu ne me prenne en pitié et n’aille interpréter une chanson en ma faveur auprès de sa majesté.

Il faut dire que la reine de cœur était un monstre, durablement laide et incompréhensible, bien loin de l’adorable fillette, jolie poupée aux yeux bleus, qui me courait après …

Myriam