Destination : 346 , A la recherche de José Quentin Faparca


La Réponse est dans la question (fin texte D345)

« Qu’est-ce qui est le plus violent ?

Considérer l’Autre comme différent ou comme un semblable ? »

A peine avais-je fini d’énoncer ma question qu’une voix chaude et apaisante résonna dans la pièce :

« Bonjour, merci de votre venue. Voulez-vous, s’il vous plait, verrouiller la porte d’entrée ? La clé est sur la porte. Pouvez-vous également retirer l’ardoise et la prendre avec vous ? Ensuite, venez par ici… »

Une lumière éclaira le fond de la pièce et me permit de découvrir une autre salle où je pénétrais. Il n’y avait personne non plus, seulement une table et une chaise sur laquelle la voix m’invita à m’asseoir. Devant moi, une feuille, un stylo. La voix reprit :

« Vous êtes venus ici avec une question, une question très intéressante. Vous avez eu le courage de la poser, montrant par là toute la confiance que vous nous accordez. Cela étant, nous vous devons la plus grande franchise : ce n’est pas la réponse qui importe, mais la question. Pourquoi cette question ? Pourquoi aujourd’hui ? Il n’y a que vous qui puissiez le savoir, et nous vous offrons ici, un lieu neutre, en dehors du temps et de votre espace habituel, pour vous permettre d’y réfléchir, en toute confidentialité. Ce stylo et cette feuille sont vos seules armes… quand vous aurez terminé, dites-le simplement à voix haute »

Je crus pour commencer qu’il s’agissait d’une blague improbable, une sorte de caméra cachée à l’humour un peu limite, la plaisanterie fantaisiste de quelque farceur professionnel. Je fus tout d’abord assez déçue par la tournure que prenait la situation. Je m’étais attendue à un échange entre plusieurs personnes, un débat philosophique, psychologique ou même, pourquoi pas, théologique. Et on me renvoyait tout bonnement à moi !

Je décidais cependant d’aller jusqu’au bout de la démarche, ayant décidé que je ne serais pas venue ici pour rien. Tout en répétant ma question à voix basse, je me questionnai sur les raisons qui m’avaient amenée à la formuler ainsi. Evidemment, la première idée qui me vin à l’esprit fut celle de mes Risibles Amours : cette question me semblait sous-jacente à toute relation amoureuse… l’être aimé est-il d’abord semblable ou différent de nous-même ? Et sa perception est-elle identique à la mienne ? Je me remémorais mes dernières histoires pathétiques, embuées dans les espoirs insensés et les larmes inutiles.

Cependant, en y réfléchissant, j’étais persuadée que cette question venait de plus loin que mon abonnement premium à la Valse aux Adieux. Il s’agissait d’une interrogation plus profonde… dont le caractère le plus visible chez moi était, je pense, mon intolérance face à l’Insoutenable Légèreté de l’être. Depuis toujours, peut-être même depuis mon enfance, je ne supportais pas le comportement de ceux qui, semblant croire en l’Immortalité de leur être, célébraient chaque jour la Fête de l’Insignifiance, comme un chapitre sans cesse ajouté dans le Livre du Rire et de l’Oubli.

Je ne pensais pas être quelqu’un de trop sérieux… Simplement, je me rendis compte que je vivais depuis toujours avec la conviction que la Vie est Ailleurs. Mais, ce faisant, j’étais non seulement passée non seulement à côté de l’existence, mais aussi à côté de moi. Toute l’Ignorance que j’avais dressée entre le monde extérieur et moi-même, n’était qu’une défense pour ne pas dévoiler l’Identité de celle que j’étais vraiment. Il était temps pour moi de faire face, de sortir de ma cachette.

La Lenteur avec laquelle je posais mon stylo confirma ce que je pressentais : c’était le moment.

Myriam