Destination : 206 , 99 test


Un homme impuissant...

P.99 de « Trois femmes puissantes », de Marie Ndiaye.

Tout au long de la matinée, comme les vestiges d’un rêve pénible et vaguement avilissant, la pensée l’accompagna qu’il aurait mieux fait de ne pas lui parler ainsi, dans son propre intérêt, puis, à force de tours et de détours dans son esprit inquiet, cette idée se mua en certitude alors même qu’il en venait à ne plus très bien se rappeler le motif de la dispute – ce rêve pénible et avilissant dont ne lui restait qu’un arrière-goût plein d’amertume.

Il n’aurait jamais, jamais dû lui parler ainsi – voilà tout ce qu’il savait maintenant de cette querelle, voilà ce qui l’empêchait de se concentrer sans qu’il pût espérer en tirer avantage par ailleurs, plus tard, lorsqu’il rentrerait à la maison et la retrouverait, elle.

Car, songeait-il confusément, comment allait-il apaiser sa propre conscience si ses souvenirs tronqués de leurs conflits ne faisaient apparaître que sa culpabilité à lui, encore et toujours, comme dans ces rêves pénibles et avilissants où, quoi que l’on dise, quoi que l’on décide, on est en faute, irrévocablement ?

Ecriture de la page 100 en 99 mots et en utilisant dans l’ordre les 9 premiers mots choisis en comptant tous les neuf mots du texte : vestiges, l’accompagna, parler, de, cette, en, le, avilissant, amertume.

Comment ne pas avoir le vertige en contemplant ce matin les vestiges de leur dispute ? La conviction de sa responsabilité, seule certitude qui lui restait alors, se traduisit par une nausée qui l’accompagna toute la journée. Mais il n’envisagea pas un seul instant de parler de cela avec qui que ce soit, encore moins avec elle. De cette soirée, noyée dans les brumes de sa mémoire défaillante, il ne pourrait jamais y penser autrement qu’au travers de ses doutes, en y associant le voile de son incertitude, comme ces rêves pénibles et avilissants qui emplissent les réveils d’amertume.

Myriam