Destination : 204 , A contre courant


Être un Homme (If)

Si tu oses détruire l’ouvrage d’une vie

Sans un seul regard pour celui qui le bâtit ;

Balayant ses suppliques d’un revers de mépris,

Sans un geste et sans un soupir :



Si tu peux être amant sans jamais aimer vraiment

Si tu sais être dur, distant, indifférent

Et te sentant haï, haïr férocement

Frappant le premier pour ne pas te défendre



Si tu peux accepter d’entendre tes paroles

Répétées par des gueux pour exciter des sots,

Ecouter tes mensonges dans leurs bouches folles,

Sans renier jamais un seul de tes mots ;



Si tu restes hautain, loin des strates populaires,

Si tu oublies le peuple en côtoyant les rois,

Si tu ne voies jamais un homme comme un frère,

Ni comme un ami qui soit tout pour toi ;



Si tu sais dédaigner, espionner et médire

Sans jamais te soucier de ce mal destructeur,

Désirer et laisser ton désir être maître,

Vouloir, posséder, mais jamais donneur ;



Si tu peux être doux pour mieux cacher ta rage,

Si tu peux être lâche, vil dans tes agissements,

Si tu ignores les bons et méprise les sages,

Gonflé d’un orgueil amoral et pédant,



Si tu ne supportes pas de connaître la défaite,

Ne voulant que Triomphe pour habiller ton front,

Si tu places ta fierté au-dessus de la tête,

De tous ceux que tes vanités perdront ;



Alors les Dieux s’inclineront devant ta victoire,

Tu règneras en maître sur des esclaves soumis,

Si pour toi rien ne vaut plus qu’être roi et la Gloire,

Pas même d’être un homme, mon fils.

Myriam