Destination : 70 , Combinaisons carrées ou Sudoku poétique


Ru, Kim Thuy (Extrait)

1. Texte original :



« On oublie souvent l’existence de toutes ces femmes qui ont porté le Vietnam sur leur dos pendant que leur mari et leurs fils portaient les armes sur les leur. On les oublie parce que sous leur chapeau conique, elles ne regardaient pas le ciel. Elles attendaient seulement que le soleil tombe sur elles pour pouvoir s’évanouir plutôt que s’endormir. Si elles avaient pris le temps de laisser le sommeil venir à elles, elles se seraient imaginé leurs fils réduits en mille morceaux ou le corps de leur mari flottant sur une rivière telle une épave. Les esclaves d’Amérique savaient chanter leur peine dans les champs de coton. Ces femmes, elles, laissaient leur tristesse grandir dans les chambres de leur cœur. Elles s’alourdissaient tellement de toutes ces douleurs qu’elles ne pouvaient plus redresser leur échine arquée, ployée sous le poids de leur tristesse »





2. Transformation en 3x3



On oublie souvent… l’existence de toutes… ces femmes qui

Portaient le Vietnam… sur leur dos… quand leur mari

Et leurs fils… portaient les armes…. sur les leurs.



On les oublie … parce que sous… leur chapeau conique

Elles ne regardaient… pas le ciel… elles attendaient seulement

Que le soleil… tombe sur elle … pour pouvoir s’évanouir



Plutôt que s’endormir. … Si elles avaient… pris le temps de

Laisser le sommeil … venir à elles,… elles auraient imaginé

Leurs fils réduits … en mille morceaux …ou le corps de



Leur mari flottant… sur une rivière … telle une épave.

Les esclaves d’Amérique … savaient chanter leur … peine dans les

Champs de coton… ces femmes laissaient … leur tristesse grandir



Dans les chambres … de leur cœur. … Elles s’alourdissaient tellement

De toutes ces … douleurs qu’elles ne …pouvaient plus redresser…

Leur échine ployée … sous le poids … de leur tristesse.





3. Texte Sudoku



On oublie toutes ces femmes qui portaient le Vietnam

Quand leur mari et leurs fils portaient les armes.

Sous leur chapeau elles ne regardaient pas le ciel.



Elles attendaient que le soleil tombe pour pouvoir s’évanouir.

Si elles avaient laissé le sommeil venir à elles,

Elles auraient imaginé le corps du mari ou des fils.



Ces femmes laissaient la tristesse grandir dans leur cœur.

Elles s’alourdissaient de ces douleurs et ne pouvaient plus

Redresser leur échine sous le poids de leur peine.

Myriam