Destination : 194 , Plus vrai que nature


Après-midi d'Eté

Chaleur écrasante, soleil de plomb, près de 35° à l’ombre du parasol. Peau moite, gorge sèche, souffle court, tête lourde, gestes ralentis. Corps allongés, affalés, avachis sur les bains de soleil de plastique blanc. Sur le dos pour une sieste, sur le ventre pour la lecture de romans, magazines, mots fléchés ou sudokus de tous les niveaux et dans toutes les langues.

Regards cachés derrière de grandes lunettes noires, pouvoir voir sans être vu, fausse impression de bronzage derrière le filtre brun. Voix graves, aigues, fortes, douces s’exprimant dans différents dialectes aux sonorités variées : hollandais, belges, italiens, français qui communiquent entre eux en anglais. Odeurs de vanille, de monoï, de chlore et de crème glacée venant recouvrir d’anonymat les parfums de chacun.







Pieds sautillants sur le carrelage brûlant, inévitable pour atteindre le bassin. Eau bleue, limpide et irrésistiblement attirante, autour et dans laquelle se presse une foule en maillot. Silhouettes fines, bedonnantes, courtes, longues, trapues, élancées ; certaines jeunes, d’autres moins ; toutes moulées dans des modèles une ou deux pièces aux couleurs et motifs aussi variés qu’étonnants. Peaux arc-en-ciel, du blanc aspirine jusqu’au rouge écrevisse, en passant par toutes les nuances de beige, caramel, café et même chocolat (mais lui c’est naturel). Frémissement épidermique en pénétrant dans l’eau pourtant chaude avec ses 28°, délicieux contraste aux effets rafraichissants instantanés : quelques secondes de bonheur parfait, avant de se faire brutalement asperger.







Cris des enfants éclaboussant de rire sous le regard des mamans qui discutent entre elles, pieds et fesses trempées dans la pataugeoire, poursuivant le fil ininterrompu des conversations de sortie d’école ; cris des papas, plongés jusqu’à la taille dans l’eau du petit bassin, encourageant fièrement les plus grands « oui, c’est très bien mon garçon, continue comme ça, tu es un vrai champion » ; cris des adolescents bombant le torse pour faire des bombes dans l’eau du grand bain, suscitant à chaque passage la fureur des membres du club officiel des nageurs de longueurs ; cris du maître-nageur en uniforme règlementaire (tee-shirt blanc et slip

moulant) qui, du haut de sa tour souffle dans son sifflet pour rappeler l’interdiction formelle de plonger dans le petit bain.







Après-midi d’été, tout est en ordre. Rien à signaler.

Myriam