Destination : 191 , Mal


Mal de Mère

Ca y est. Je l’ai encore fait. Je l’ai encore frappée.

Chaque fois, c’est la même chose. Je ne veux pas, je me dis que je vais tenir, que je ne vais pas craquer. Je tiens quelques jours, quelques semaines sans recommencer. Et puis…



Faut dire qu’elle est pénible, faut dire qu’elle a le truc pour me mettre hors de moi, pour me faire péter les plombs. Faut dire qu’elle est insupportable avec ses gémissements, ses caprices, ses colères, ses bêtises, sa façon de ne jamais m’écouter et de toujours vouloir se coller à moi.

Depuis qu’elle est née, j’ai l’impression que j’étouffe. Que je ne comprends jamais ce qu’elle attend de moi, que je fais toujours tout de travers. Que je ne sais pas être sa mère.



Quand je lève la main, je vois ses bras se replier sur son visage.

Je déteste le sentiment de puissance qui m’envahit alors et ce regard dur que je sais être le mien.

Je déteste lire la peur dans ses yeux, tandis qu’elle laisse échapper un cri de détresse : « maman ! ».

Flic ! Flac !

Un aller-retour, jamais plus.

Jamais moins non plus.



Et puis après, vient le silence.

Son corps est secoué de sanglots.

Le mien est pétrifié par la honte.



Je me fais horreur. Je voudrai remonter le temps et arrêter mon bras. Mais il est trop tard.

Alors je pars, je sors, je fuis cette pièce pour me réfugier dans ma chambre.

Et je pleure. Plus que mauvaise, je suis une méchante mère.



Quand enfin je reviens vers elle, de longues minutes plus tard, je n’ose pas la regarder. Je m’assois à ses côtés, je me dis que je n’ai même pas le droit de la prendre dans mes bras pour la consoler. Parce-que sa souffrance, c’est moi.



Et souvent c’est elle qui finit par se jeter contre ma poitrine, venant malgré tout chercher un peu de tendresse. Je lui demande « pardon », je n’ose même plus ajouter « je ne le ferai plus ».



Pourtant je l’aime. Je sais, c’est paradoxal.

J’aime la voir rire, jouer, courir dans le jardin. J’aime écouter ses petites histoires, qu’elle me raconte en rentrant de l’école. J’aime la voir dormir, avec son visage d’ange et son doudou collé contre sa joue. J’aime ma fille, de tout mon cœur.

Je voudrais juste ne plus jamais lui faire mal à sa mère.

Myriam